Ils mangèrent et tous furent rassasiés
Fête du Corps et du Sang du Christ
Genèse 14, 18-20 ; 1 Corinthiens 11, 23-26 ; Luc 9, 11-17 ;
L’extrait de l’Evangile de Luc lu ce dimanche évoque la multiplication des pains. Cet épisode, (s’il l’on peut parler d’épisode) est rapporté dans tous les évangiles, chacun à sa manière. “Ils mangèrent et furent tous rassasiés” est la conclusion de ce paragraphe. Il y a tant d’interprétations possibles concernant la communion, le repas eucharistique qu’il ne faut pas nous étonner de leur diversité, sans oublier les pratiques qui ont évolué au cours des siècles : l’abstinence depuis minuit, la confession préalable, Pie X et la communion des enfants, la communion annuelle ou fréquente… Devant la multiplicité des prescriptions que l’Eglise a instauré au fil des siècles, il est bon et même préférable d’en revenir aux paroles premières du Christ : ceci est mon corps livré pour vous… Ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude.
Quelques théologiens liturgistes ont voulu que le geste de Jésus soit réservé à quelques-uns. Or tel n’est pas l’esprit miséricordieux du Christ qui donne sa vie pour tous. Si le titre de cette fête est “solennité du Corps et du Sang du Christ”, c’est pour signifier l’importance du geste du Christ et du don de sa vie. Les récents débats autour de l’exhortation du pape François, Amoris Laetitia, à propos de l’accès à l’eucharistie par certaines catégories de chrétiens manifeste à l’évidence le désir de restreindre d’accès à l’eucharistie. Il faut savoir distinguer entre sacrement des forts, et sacrement qui rend fort. Le mot viatique a été utilisé dans la tradition pour définir l’eucharistie comme donné à ceux qui sont dans le besoin.
La fête du Corps et du Sang est l’occasion, une fois de plus, de rendre grâce à Dieu qui nous a donné son Fils Jésus pour que l’homme vive, et non pour qu’il soit condamné. Il nous faudrait ici méditer saint Jean, le discours du pain de vie au ch. 6 ou la prière lors de la Cène. On pourrait aussi relire le début de l’Evangile de Jean : Pour que l’homme ait la vie et qu’il l’ait en abondance.
La solennité du Corps et du Sang du Christ est une autre manière de fêter la miséricorde de Dieu manifestée par Jésus en faveur de tout homme. Le partage des cinq pains et deux poissons est une manière de faire comprendre qu’avec peu de choses, ce que nous apportons, Jésus peut faire des merveilles pour chacun. Question : est-ce ainsi que fonctionne la société, vu les ravages de haines et de destruction qui foisonnent. Accepter de partager la communion, le corps du Christ c’est désirer que ce monde devienne monde d’amour, de justice et de paix c’est vouloir que la force du Christ nous accompagne pour que vienne ce monde autre où chacun donnera de la place à l’autre… donner de la place et non donner de la mort. Quand on parle d’élection, de régime démocratique, c’est sans doute à cela qu’il faudrait penser, qu’il faudrait aspirer. E.H.