Jésus saisit la main de l'enfant...

13éme dimanche ordinaire

Sagesse 1, 13-15 et 2, 23-24 ; 2 Corinthiens 8, 7-15 ; Marc 5, 21-43 ;

 

Lecture brève, lecture longue, textes de l’Ancien Testament modifiés par plusieurs coupes… Certains jours nous avons le droit de préférer relire le déroulement du texte tel qu’il a été écrit pas son auteur. Ainsi en est-il du livre de la Sagesse. Ainsi en est-il aussi de l’Evangile où deux guérisons sont enchevêtrées l’une dans l’autre : une toute jeune fille qui ne pourra donner la vie, puisqu’elle est à l’article de la mort et, à l’autre bout, une femme âgée qui ne pourra plus donner la vie à cause de la maladie.

 

La première lecture reprend le début du livre de la Sagesse, livre tardif du judaïsme où un certain nombre de questions philosophiques et religieuses sont reprises. Aujourd’hui, c’est autour des questions de la vie, de la mort et du mal que le croyant exprime sa conviction : Non, ni le mal ni le mort ne sont l’œuvre du Dieu de la Bible. C’est l’œuvre du diable sans sa jalousie contre l’auteur de la vie ! En cela on retrouve un peu des accents de Job lu dimanche dernier : trois chapitres durant, l’auteur interroge celui qui accuse Dieu de tout le mal qu’il y a dans le monde, de tout le mal que Job a subi… et pourtant le mal existe, nous le subissons, nous voyons des innocents le subir. Mais Dieu n’en est pas l’auteur.

 

En cela, nous devrions relire le début du livre de la Genèse sur le récit de la Création. Le refrain « et Dieu vit que cela était bon » scande le poème… qui se termine avec la création de l’homme et de la femme : c’était très bon ! L’Evangile nous présente aujourd’hui l’histoire de deux femmes où le désir de vie a été contrecarré par les forces du mal. L’une intervient auprès de Jésus en cachette, en désespoir de cause.

 

Pour l’autre c’est le père qui est intervenu et on lui fait savoir que son intervention est inutile, ne sert à rien, puisque sa fille vient de mourir… Les foules sont là qui font du bruit. Mais de quelle utilité est ce bruit, ce buzz ? Nul ! Comme le buzz qui emplit nos espaces : ça fait du bruit, mais ça ne fait rien avancer ! Ce serait à méditer pour nous aujourd’hui : beaucoup de bruit mais peu d’efficacité pour les maux dont souffre notre terre. L’encyclique du pape invite à remettre de l’ordre pour que vienne un monde meilleur. Comme Jésus, il faut commencer par mettre dehors tous ces gens bien intentionnés qui entourent les malheureux. Pourquoi cette agitation, demande Jésus. Ce n’est pas de l’indifférence, mais le début de la sagesse.

 

Que fait Jésus ? ‘Un miracle’ n’est pas la bonne réponse. Pour l’une comme pour l’autre, le geste de Jésus est de toucher. Là est le vrai miracle, hier comme aujourd’hui : accepter de se rendre proche, de toucher la personne atteinte par le mal et, ainsi, de lui redonner vie. Ce geste de toucher rejoint le geste de l’infirmière près du malade, ou le geste de celui qui accompagne une personne en fin de vie… toucher la main, le front : « Je suis là, près de toi » et non « je me suis éloigné de toi car tout est inutile ».

 

Les difficultés, les obstacles que nous rencontrons doivent nous faire progresser dans la foi, et non nous faire renoncer à notre espérance. Ne rejetons pas Dieu à cause de mal, comme le font les incroyants, allons jusqu’au bout de notre peu de foi, pour marcher encore et encore. Ce qui est essentiel à la vie est de toucher, de se toucher. S’éloigner c’est abandonner le souffle de vie reçue de Dieu. EH