L’aveugle suivait Jésus sur le chemin.

30ème dimanche ordinaire

L’aveugle suivait Jésus sur le chemin.

Jérémie 31, 7-9 ; Hébreux 5, 1-6 ; Marc 10, 46-52.

 

Comment ne pas s’étonner de la première lecture, tirée des prophéties de Jérémie. En effet comment ne pas s’étonner de voir un texte aussi positif, tant la réputation du prophète Jérémie est d’être plein de “jérémiades”. Certes il ne faut pas s’arrêter à quelques lignes de Jérémie alors que lui aussi, comme tout prophète a mission d’annoncer la venue du sauveur. Pour une fois, il n’est pas prophète de malheur, bien au contraire. Il écrit au moment où arrive le temps du retour pour le peuple exilé à Babylone : “C’est une grande assemblée qui revient !”

 

En parallèle, dans l’évangile est rapportée la guérison de l’aveugle. Il faut remarquer que l’entourage de Jésus le considérait comme un moins-que-rien, qui n’étais pas digne d’approcher de Jésus. : “Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire”. Qu’aurions-nous fait à leur place ? On dit que Jésus est notre chemin vers Dieu ; et il nous revient aujourd’hui, à nous, fidèles de l’eucharistie, de donner à tous accès à ce chemin vers Dieu. L’évangile lu ce jour ne se termine-t-il pas par “il suivait Jésus sur le chemin”. Tout est dit à propos de cette rencontre. Ce chemin, si nous lisons correctement l’évangile de Marc, c’est celui qui mène à Jérusalem. A la sortie de Jéricho, nous devinons que c’est le chemin de Jérusalem, le chemin de la passion.

 

L’aveugle est un modèle d’insistance et de persévérance dans la prière de supplication alors que la foule fait tout pour l’éloigner. Son expression “Jésus, fils de David” est l’expression caractéristique de l’attente d’Israël concernant le Messie, l’envoyé de Dieu. C’est le but premier de ce récit : révéler qui est ce Jésus au moment d’entrer dans sa passion. L’autre but de ce récit est de rappeler l’importance de prier avec insistance, de croire en l’amour de Dieu. Enfin le contraste entre l’accueil de l’aveugle par Jésus et le rejet de ce malade par les bons disciples qui entourent Jésus, montre combien suivre Jésus c’est autre chose que de manifester de l’empressement à “lui tourner autour”.

 

Le fait que ce récit d’évangile se termine par la remarque : il suivait Jésus sur le chemin n’est pas à prendre au sens uniquement physique. Plus tard, des exégètes parleront de suivance pour rendre compte de l’attitude de tout disciple à la suite de Jésus. Marc insiste donc sur une caractéristique : le disciple est celui qui suit, qui marche à la suite de Jésus. Nous aussi, nous sommes de ceux qui marchent dans la suivance de Jésus, du début jusqu’à la fin. Pour Marc, devenir disciple ce n’est pas d’abord recevoir un enseignement, c’est mettre ses pas dans le même itinéraire que Jésus, celui qui va à la rencontre de ces foules sur les routes de Palestine, pour leur apporter paroles et guérisons, pour les inviter à marcher vers le Père, avec lui et comme lui.  (Le premier à avoir parlé de suivance est, semble-t-il, Dietrich Bonhoeffer : Nachfolge.) Au début de l'évangile, il était écrit: "laissant tomber leur filets, Pierre et son frère André le suivirent, et derrière eux, les deux fils de Zébédée. Emile Hennart.