L’homme dans le jardin planté par Dieu.

Premier dimanche de carême

Genèse 2, 7-9 à 3, 1-7 ; Romains, 5, 12-19 ; Matthieu, 4, 1-11

 

La tentation de Jésus racontée d’après Matthieu dans l'évangile de ce dimanche est très différente de celle racontée par Marc. En écho à cet évangile selon Matthieu, nous avons eu droit, en première lecture, à la tentation d’Adam et Eve d’après le livre de la Genèse. Au fil des Ecritures, nous avons beaucoup de récits de tentations, ainsi David sur le balcon de son palais qui aperçoit Bethsabée. Ou encore Achab à propos de la vigne de Nabot. Il faudrait aussi relire l’histoire de deux vieillards (Daniel 13). On pourrait aussi relire, au livre des Actes, la tentation ou cupidité d’Ananie et Saphire. Bref, ce premier dimanche de carême est marqué du signe de la tentation. C’est ainsi que l’on voulu les scribes du Nouveau Testament.

 

Ne retenir que la tentation pour l’entrée en carême c’est oublier que ce temps nous prépare à célébrer Pâques, le Christ ressuscité qui nous entraîne dans la vie de son royaume. Certaines icones orthodoxes, comme à Chypre, représentent Jésus en résurrection, tenant Adam et Eve par la main pour les faire entrer dans sa vie de ressuscité.

 

La nouvelle traduction du Notre Père : “Ne nous laisse pas entrer en tentation” a été l’occasion de préciser que Dieu n’est pas un tentateur. Pourtant au long de notre vie, il y a des épreuves, que nous appelons tentations.

 

Une autre manière de comprendre le carême c’est, comme les catéchumènes qui seront baptisés à Pâques, l’engagement dans un combat, une lutte pour marcher à la suite de Jésus-Christ. Une expression qui parcourt les Ecritures est : “Revenez à moi”. La parole du tentateur c’est : “Vous serez comme des dieux”. C’est autre chose qui est souhaité, c’est de vivre devant Dieu, à la face de Dieu. Revenir à Dieu, c’est vouloir vivre devant Lui, en dialogue avec Lui. Ce n’est donc pas sans arrière-pensée que Jean écrit, en référence au début de la Genèse : au commencement était le Verbe, la Parole.

 

Péché, péché originel, tentations : voici tout un langage dans lequel nous sommes orientés par le mot carême. Pourtant en lisant saint Jean, c’est un tout autre langage que nous découvrons, celui du dialogue, de l’amour. Le prologue de Jean insiste sur cet amour dont Dieu a fait preuve envers nous en nous donnant Jésus. Si l’on parcourt le début de la lettre de Jean, nous demeurons dans le même langage de l’amour de Dieu. Comment comprendre cette entrée en carême ? Comme une orientation vers Pâques et la résurrection du Christ.

 

Le temps du carême est un temps pour nous préparer à accueillir l’amour infini de Dieu qui donne son amour, dont le Christ est le témoin. Le carême est un itinéraire dont l’aboutissement est la fête de Pâques.

Au fil des siècles, la perception de la relation de Dieu à notre égard a pu être ressentie et exprimée de manières différentes. Devant Dieu nous reconnaissons combien il nous arrive d’en être éloigné : “Revenez au Seigneur” nous est ainsi proposé comme chemin de carême, comme chemin de vie dont l’aboutissement est la Vie avec le Christ. Cet itinéraire de la liturgie trouve aussi son aboutissement avec les récits entre Pâques et Pentecôte, temps de l’Eglise, la Pentecôte étant alors le développement du don de l’Esprit pour que tous nous devenions un seul peuple une seule famille avec le Christ ressuscité.

 

En ouvrant le temps du carême, n’oublions pas la destination : Pâques et la Pentecôte. Abbé Emile Hennart