“Voyez quel grand amour nous a donné le Père”.

Fête de tous les saints

Apocalypse 7, 2-14 ; 1 Jean 3, 1-3 ; Matthieu 5, 1-12

“Voyez quel grand amour nous a donné le Père”.

 

Le fête de la Toussaint, en cette année 2020 peut revêtir une coloration particulière, en raison des limites imposées à l’occasion des funérailles en temps de Cpovid. Pour certains, la fin de vie fut vécue seul. Pour d’autre les cérémonies du deuil furent très réduites. Beaucoup se rendront au cimetière ces jours-ci avec la mémoire au fond d’eux-mêmes de ne pas avoir tout fait et la volonté d’accomplir les derniers gestes qui n’ont plus être accomplir en temps voulu. Il faudrait pouvoir retenir les lectures de ce dimanche, jour de fête et non de deuil.

 

Saint Jean, dans première sa lettre oriente notre méditation : “Dès maintenant nous sommes enfants de Dieu… Voyez quel grand amour nous a donné le Père.” Telle est notre foi, celle que nous avons reçue de Jésus, mort et ressuscité. Ainsi, la fête de la Toussaint est avant tout action de grâce pour cet amour de Dieu pour nous. Bernanos conclut ‘son curé de campagne’ par “Tout est grâce !” Beaucoup de prédicateurs aux siècles derniers ont pu insister sur la condamnation des misérables que nous sommes. Il nous faut revenir aux Evangiles, aux paroles de Jésus, paroles de consolation et non paroles de condamnation.

 

La Toussaint est donc une fête de la joie et de l’espérance. Le paragraphe de l’évangile a pour titre “Les béatitudes” : bienheureux les pauvres, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix. Il y a quelques différences entre Matthieu et Luc. Luc personnalise davantage : bienheureux vous… Il n’est pas interdit à chacun de reprendre des éléments de sa propre vie et d’y inscrire ce en quoi Jésus s’adresse à nous. Ces gestes que nous reprenons, c’est de cette manière-là que nous avons mis en œuvre les dons de Dieu. Il n’est pas question de faire le catalogue de nos efforts, mais plutôt de voir dans nos vies les traces du passage de Dieu. “Pour ta présence en nous, merci Seigneur !” pour ceux qui furent auprès de nous les témoins de ton amour, merci Seigneur !

 

Dans la première lecture, nous pouvons encore entendre cette supplication de Dieu : “Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu”. Phrase qui peut paraître énigmatique : Dieu aurait-il envisagé l’anéantissement de la terre ? Il est vrai que les turpitudes destructrices de notre monde en viennent à écœurer même notre Dieu. C’est comme le pape François, dans Fratelli tutti, qui exprime son pessimisme devant un monde aussi mal gouverné par des populismes mortifères. Pourtant l’Apocalypse n’envoie à la mort éternelle aucun des amis de Dieu. N’iront à la mort éternelle que les fidèles de la Bête. La Toussaint c’est l’assemblée autour du trône de l’Agneau de tous les frères, de tous ceux qui lui furent fidèles, qui ont passé la grande épreuve. Heureux serez-vous de rejoindre la foule des élus dans la cité de Dieu.

Au moment de quitter l’Eglise, nous ferons une dernière fois le signe de la croix. Si nous nous rendons devant une tombe, nous ferons aussi le signe de la croix. C’est une manière de rappeler toute notre vie, celle de nos défunts, est sous le signe de la croix. Dans l’Apocalypse il y a une insistance pour rappeler le signe qui marque au front les élus. Ainsi les 144.000 et la foule qui les suit est marqué au front du sceau de l’agneau. Cela signifiait quelques choses pour les chrétiens de Cappadoce persécutés par l’empire romain. En cette fête de la Toussaint, il vaut la peine de se rappeler que, par le baptême, nous avons été marqués pour toute notre vie du signe de Jésus-Christ. Abbé Emile Hennart