Maintenantle le Fils est glorifié

5ème dimanche de Pâques

Actes 17, 21-27 ; Apocalypse 21, 1-5 ; Jean 13, 31-35.

Il est un mot qui revient souvent dans l’évangile de ce dimanche : “glorifier”. Or, c’est un mot qui fait horreur à bien des gens : gloire, glorifier est un mot qui fait référence à certaines valeurs de la Royauté de Louis XIV ou du pouvoir impérial et nous ne voyons pas ce qu’il vient faire dans la Bible et dans nos Evangiles. C’était aussi ma réaction habituelle, jusqu’à ce que je trouve un truc pour en discerner la signification : comme moi, vous pouvez essayer ce truc infaillible. Quand je rencontre le mot gloire, ou glorifier, je me rappelle l’origine, la racine hébraïque du mot : kbd ou kabod, c’est-à-dire “avoir du poids…” A partir de là, l’expression glorifier prend un tout autre sens : avoir du poids. C’est tout le contraire de l’expression : "c’est du vent", expression qui aurait dû être la bonne traduction du début du livre “Vanité de vanité, tout est vanité”, ecclésiaste ch.1

 

A titre d’exemple, au ch. 13, Jean évoque la passion, la crucifixion (mot très peu employé en Jean). Un crucifié, c’est quelqu’un qui ne fait pas le poids. Jésus ne faisait pas le poids devant la cohorte des chefs religieux juifs (grand prêtres, sanhédrin etc.) Or l’affirmation contenue dans ce court texte de Jean “maintenant le Fils de l’homme est glorifié” est à transcrire : maintenant le Fils de l’homme manifeste qu’il a du poids, qu’il n’est pas du vent, qu’il compte pour Dieu… Ce Jésus glorifié, il compte pour Dieu, il compte aussi pour moi… kbd = il a du poids, Dans notre mentalité et langage intellectuels on dirait : “Il fait sens”, alors que bien des gens affirment qu’une telle vie n’a pas de sens ! Le sens d’une vie, c’est l’amour donné les uns pour les autres… Christ est glorifié au moment où il donne sa vie pour nous, pour nous réconcilier avec le père, son Père.

 

La seconde lecture tirée de l’Apocalypse, de la fin de l’Apocalypse, vient proclamer aux croyants la fin de leurs souffrances et persécutions. Ils sont désormais intégrés au peuple de ceux qui ont passé l’épreuve et ont été jugé dignes de participer aux noces de l’agneau. On se trompe sur le sens de l’Apocalypse si on ignore cette finale, dans la Jérusalem nouvelle. Il est heureux de trouver entre Pâques et Pentecôte ce texte qui donne sens à la vie du Christ, à notre propre vie si nous acceptons, si nous voulons suivre les pas du Christ.

 

Quant à la première lecture, tirée des Actes des apôtres, elle fait découvrir la mission de conversion de Paul et Barnabé auprès des païens : Lystres, Iconium, Antioche de Pisidié, c’est le sud du pays Galate (nos cousins celtes/Galates, dont Paul dira qu’ils changent d’opinion comme de chemise !!!) Au moment où Paul va prendre congé d’eux, il installe les anciens pour veiller sur la toute jeune communauté. Cette manière de faire est conforme aux habitudes juives des synagogues.

 

Plus tard, ces anciens ou presbytres prendront le nom de prêtre. L’ensemble des prêtres autour d’un évêque est toujours désigné par le mot presbyterium. Retenons enfin la dernière phrase qui signale l’action de grâce rendue par Paul, Barnabé et l’ensemble de la communauté d’Antioche pour l’œuvre accomplie. Bientôt ces mêmes chrétiens d’Antioche reprocheront à Paul d’avoir baptisés des non Juifs sans avoir, au préalable, procédé à leur circoncision. Mais ceci est une autre histoire qui trouvera une solution (non une adhésion) lors du concile de Jérusalem.

La future lettre aux Galates, la lettre aux romains seront deux occasions où Paul expliquera son enseignement sur Jésus qui seul accorde la réconciliation avec Dieu. EH