Mon père était un araméen nomade
1er dimanche de carême
Deutéronome 26, 4-10 ; Romains 10, 8-13 ; Luc 4, 1-13
Mon père était un araméen nomade.
La première lecture que la liturgie nous propose pour ouvrir ce carême est “une leçon de Moïse” qui invite à retracer notre histoire croyante. Sans entrer dans le détail de la construction réelle et imaginé de l’histoire d’Israël, nous voyons Moïse inviter le peuple à se rappeler les origines : “mon père était un araméen nomade.” Des générations ont dû redire cette affirmation. C’était l’Ancien Testament et nous en sommes les héritiers. La figure d’Abraham est introduite au ch.12 de la Genèse comme un nomade. Chemin faisant, de Our vers Haran au Nord de la Mésopotamie, Abraham va traverser le pays de Canaan, jusqu’à se rendre en Egypte. Les descendants devenus esclaves, “Nous avons crié vers le Seigneur qui nous a fait sortir d’Egypte…” Il nous a conduits dans ce lieu où coule le lait et le miel.
Entrer en carême peut être l’occasion de méditer : de où nous venons ?
Les lecteurs des Maisons d’Evangile peuvent découvrir ce chemin où des croyants ont progressé dans la découverte de qui est Dieu, plus encore dans la relation entre Dieu et eux, une relation à entretenir. Amos d’abord, Osée ensuite ont fait de ce peuple à la nuque raide un peuple de croyants. Passer de l’idée d’un Dieu punisseur à celle d’un Dieu qui pardonne et redonne son amour à ceux qui l’ont trahi, tel est le chemin par lequel Israël est passé.
“Souviens-toi” est une formulation classique, autant dans l’ancien testament que dans la liturgie d’aujourd’hui. Si la formulation du mercredi des cendres est “souviens-toi que tu es pécheurs”, on insistera davantage sur “Souviens-toi du Seigneur ton Dieu qui t’as délivré”. Ce peut être un choix pour vivre ce carême, faire retour sur notre vie, notre relation au Dieu de Jésus-Christ, d’hier à aujourd’hui : quels moments forts de mon existence, de mes liens avec Jésus-Christ. Mais aussi se rappeler la grande tradition, telle sue nous l’avons reçue.
En faisant mémoire de cette longue histoire, certains d’entre nous ont relu Amos puis Osée. L’insistance D’Amos n’était pas sur la religiosité, ni la religion, mais sur la mise en cause des élites d’Israël parce qu’ils ne portent aucune attention aux inégalités entre les gens, ceux d’en-haut et la bas-peuple. L’inégalité sociale ne dérange personne ! Un peu comme s’ils étaient habitués à ces inégalités. Amos continue ses reproches en accusant ces élites de fausser les balances, de vendre les pauvres pour une bouchée de pain, de fausser les lois et décisions quand ils siègent au conseil de la ville. C’était pour hier !
Mais ce temps du carême peut aussi être l’occasion de vérifier où en est la société d’aujourd’hui. L’inégalité des humains dans un monde mondialisé se manifeste aussi aujourd’hui : l’injustice des taxes, les problèmes entre les nations et l’organisation du commerce sont source d’interrogations. Que pouvons-nous faire ? La première chose est d’apprendre à voir. Ensuite, c’est un travail avec d’autres pour que le regard de chacun se porte davantage sur ces hommes et ces femmes déstructurées.
On peut bien sûr penser aux migrants, proches de nous, mais aussi aux populations en attente, là-bas, en Afrique ou en Asie… Quelle existence pour ces employées des confections au Bengla Desh par exemple. La réflexion proposée par le CCFD peut être une aide. La relecture de Laudato si est aussi un moyen s=de se connecter durant ce carême à l’organisation du monde… Cela aussi fait partie du carême. E.H.