Montre-toi favorable au pécheur que je suis

30ème dimanche ordinaire

Sagesse (Ben Sira) 35, 15-22 ;  2 Timothée 4, 6-18 ; Luc 18, 9-14

 

En cette année de la miséricorde, voici des extraits bibliques qui nous parlent de Dieu comme “juge impartial”. La première ligne lue ce dimanche pourrait nous induire en erreur en parlant de juge impartial (ce qui serait un progrès !), car la suite du texte de Ben Sira, tout comme le texte de l’Evangile, laisse apparaître un Dieu certes impartial, mais qui penche d’un côté, qui semble soucieux avant tout du pauvre et du petit ! Ce serait donc un Dieu impartial mais qui donne priorité au pauvre et à l’opprimé. Au XXème siècle, cela fera partie de l’enseignement des théologiens d’Amérique latine et de quelques autres que l’on résume par l’expression “Option préférentielle pour les pauvres”. Cette doctrine a été insérée dans l’enseignement social officiel de l’Eglise catholique par le pape Jean-Paul II.

 

En prenant comme référence la manière habituelle de faire des gens de la haute, hier comme aujourd’hui, l’Ecriture invite à modifier notre oreille à l’image de Dieu, afin qu’elle devienne plus sensible envers ceux qui ont le moins. On ne peut donc pas représenter la justice de Dieu à l’aide de l’image de la balance à deux plateaux, car la justice de Dieu penche d’un côté !

 

L’Evangile de ce jour, parabole du pharisien et du publicain, incite à penser comme Ben Sira. Remarque préalable : Nous avons une telle propension à mépriser les pharisiens (héritage des conflits entre eux et Jésus) que nous en oublions leurs qualités. Ce sont eux qui, dans les siècles précédents se sont séparés du courant des prêtres du temple, car ils leur reprochaient de s’être écartés de la Parole de la Bible, oubliant les prophètes etc. Ce sont eux, les pharisiens, qui furent des chercheurs de Dieu dans les textes bibliques et non des créateurs de réglementations rituelles (œuvre des gardiens du Temple), réglementations qui augmentaient la charge qui pesait sur les petites gens.

 

De ce fait, au temps du Christ, les pharisiens bénéficiaient d’une aura de droiture et de respect de l’Ecriture supérieure à la réputation des prêtres de Jérusalem. D’où la valorisation dont se vante le pharisien de la parabole… "je suis meilleur que tout les autres, en particulier de ce pauvre type de collecteur d’impôt, pécheur invétéré devant l’Eternel". Les deux personnages typés que dépeint Jésus correspondent à deux attitudes devant Dieu : le parfait et l’imparfait. C’est l’occasion de manifester de quel côté Dieu penche. C’est aussi le moment de croire en la bonté de Dieu à notre égard, même si nous n’avons aucun mérite, aucune qualification à lui présenter. Il saura bien nous écouter et nous relever. C’et donc une parabole qui invite à la confiance en Dieu malgré toutes les limites qui sont les nôtres. E.H