Nombreux au festin dans le Royaume

21ème dimanche ordinaire

Isaïe66, 18-21 ; Hébreux 12, 5-13.11-13 ; Luc 13, 22-30

 

Peu d’élus ou trop plein d’élus ?

Fin du livre d’Isaïe et perspective universaliste

Faut-il voir une contradiction entre la première lecture et l’Evangile ? D’un côté des foules seront invitées à participer au rassemblement des derniers temps. De toutes races et nations, le Seigneur les rassemblera sur sa montagne sainte, tandis que l’Evangile parle de la porte étroite par où il faudra passer pour entrer ! Et pourtant la conclusion de cet évangile laisse espérer des foules qui viennent du Nord et du Midi, de l’orient et de l’occident. Précision : des derniers seront premiers dans le Royaume de Dieu (c’et un peu ce qui est dit dans le Magnificat proclamé le15 août). Peut-être ces contradictions sont-elles une invitation à méditer le mystère de la Rédemption. D’une part, nul n’est digne d’accéder au salut dans le Royaume de Dieu, d’autre part ils seront une foule immense qu’on ne saurait dénombrer, affirme Jean dans l’Apocalypse.

 

Cette remarque permet d’éclairer l’apparente contradiction évoquée ci-dessus. En effet, le Christ ne répond pas à la demande sur le nombre des élus… mais il profite de la question pour inviter chacun à faire tout ce qui lui est possible. Ce serait avoir l’esprit mesquin de ne penser qu’à son propre salut, sa propre entrée dans le Royaume alors qu’Isaïe voit une connexion entre le peuple élu et les autres nations pour s’inviter à participer au dernier rassemblement.

Si la fin de l’Evangile se réjouit de voir des multitudes prendre place au festin du royaume, cela ne se fera pas sans notre propre participation. Il y a d’autres paraboles où l’on voit le maitre du Royaume inviter et relancer les invitations sur les chemins et au bord des routes. Il relance ses serviteurs pour que tous soient invités. C’est la mission de l’Eglise d’être envoyée aux carrefours du monde pour relancer l’invitation.

C’est en ce sens aussi qu’il faut entendre l’insistance du pape François quand il invite lors des JMJ à quitter les divans pour être actifs aux périphéries du monde. Cela ne se fera pas sans mal. Mais quelle doit être notre parole, notre prédication ?

 

A l’occasion du 15 aout, l’archevêque d’Ornellas a commenté la demande de prier pour la France. “Prier pour la France signifie s’inscrire dans une tradition multiséculaire de charité, pour que celle-ci continue d’irriguer les manières de relever les nouveaux défis. La charité n’est pas naïve. Quelle appelle à un surcroit d’intelligence créatrice et d’engagement social et politique… Elle finit toujours par enfanter une plus grande justice. Charité et justice sont la trace concrète de l’œuvre de l’Esprit en notre histoire chaotique…" C’est bien une invitation à mettre la main à la pâte pour que notre terre, là où nous sommes, devienne offrande agréable à Dieu. E.H.