Non les honneurs, mais devenir serviteur

25ème dimanche ordinaire

Sagesse 2, 12.17-20 ; Jacques 3,16 à 4,3 ; Marc 9, 30-37

 

 

Qui de nous n’a pas été un jour affronté au médisant ? Dénigrements et autres paroles qui affligent ? Le texte de la Sagesse de ce dimanche renvoie à une telle situation… Il faudrait lire aussi la suite de ce texte, où l’écrivain sacré redit sa confiance en Dieu envers et contre tous. “ Les âmes des justes sont dans la main de Dieu… Dieu les a mis à l'épreuve et il les a trouvés dignes de lui… Ceux qui mettent en lui leur confiance comprendront la vérité et ceux qui sont fidèles demeureront auprès de lui dans l'amour”. Tout n’est pas dit en ces quelques citations, mais elles illustrent les sentiments qui peuvent nous animer lorsque des paroles nous blessent. Sans doute nous faut-il aussi penser aux paroles blessantes subies par le Christ puis par ses disciples. Sur les pas de saint Paul, j’ai pu repenser aux paroles qu’il a dû supporter de la part de ses coreligionnaires juifs qui ont tout fait pour le détruire, lui et les communautés chrétiennes qu’il avait fondé à Philippes, Thessalonique, Bérée. Il n’était pas difficile non pus d’imaginer les moqueries subies à l’agora d’Athènes quand il parlait de la résurrection de Jésus-Christ… Paul a continué à Corinthe, évitant les travers de l’emphase, mais maintenant ferme son enseignement sur Jésus.

 

L’Evangile évoque quelques-unes des incompréhensions subies par Jésus dans son enseignement avec ses disciples. Déjà la semaine dernière nous avions pu le voir remettre en place l’apôtre Pierre : Arrière, Satan, tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu. Aujourd’hui, on se rend bien compte que les disciples et Jésus ne sont pas sur la même longueur d’onde. Alors qu’il venait de parler des souffrances et de la mort prochaine, eux, discutaient de qui sera le premier dans son Royaume…

 

L’expression passer du coq à l’âne ne peut que refléter la distance entre Jésus et les Douze. Joignant le geste à la parole, il prend un enfant et le place au milieu d’eux… Quand on sait le relatif intérêt porté à l’enfant dans l’antiquité, on se doute bien que c’est une remise en cause de leur manière de penser. Quand vous placerez un enfant au centre de votre existence et enseignement de croyant, peut-être alors aurez vous compris que les premiers seront les derniers, et le derniers premiers !

 

Accueillir Jésus comme on accueillerait un enfant ce n’est pas seulement accueillir un petit, c’est aussi accueillir quelqu’un qui n’a aucun mérite à mettre en avant. C’est le début d’une inversion de nos comportements qu’attend le Christ : devenir serviteur, le dernier de tous, ou, plus précisément mettre le dernier au premier rang. N’est-ce pas ce qui nous arrive en ce temps de migrations accélérées, plutôt que de rejeter hors des frontières les étrangers qui fuient la mort, ne devrions-nous pas leur donner le moyen de survivre et de vivre ? Si des partis politiques font d’autres propositions pour rejeter les étrangers, c’est leur choix, mais ce n’est pas le choix de Jésus et des Evangiles. E.H.

 

P.S. Invitation des associations d'aide aux migrants à se retrouver à Calais à midi le samedi 19 septembre devant le centre Jules Ferry