Oui ou non : lequel a fait la volonté du père ?

26ème dimanche ordinaire

Ezéchiel 18, 25-28 ; Philippiens 2, 1-11 ; Matthieu 21, 28-32.

Oui ou non : lequel a fait la volonté du père ?

 

Avant d’interpréter pour notre propre conduite le texte de l’évangile, il nous faut penser au regard de Jésus (ou de Matthieu) sur “Jésus en son temps, ses relations aux gardiens du Temple”. Dans les nombreux conflits qui opposent Jésus et les officiels du Temple, le voici qui accuse les officiels de la religion juive d’avoir une attitude équivoque. Eux aussi sont allés voir (entendre ?) Jean-Baptiste. Mais autre chose est d’entendre, autre chose de mettre en pratique les enseignements.

 

Tant que Jésus est en Galilée, il y a peu de conflits, mais maintenant qu’il est à Jérusalem, les anicroches se multiplient. L’Evangile de ce dimanche nous présente un de ces conflits où Jésus montre du doigt combien les autorités du Temple sont loin d’honorer les paroles du Baptiste. C’est ce que sous-tend le oui et le non. Méditons sur les rapports entre Jésus et ses opposants dans la deuxième partie de son existence. Matthieu a su rendre compte de cette confrontation en reprenant au ch.23 les paroles dures contre le peuple Juif :“malheur à vous…”, celui des années 30 mais aussi contre les opposants au monde chrétien qui commence à s’affirmer au sein des sociétés juive et romaine.

 

Certains vont dire que la chute de Jérusalem est la punition divine pour avoir refusé et Jean-Baptiste et Jésus mais la malédiction n’est pas un choix de Dieu. Cette courte histoire du oui et non est une manière qui aide à comprendre (non à expliquer) le rejet de Jésus par les autorités juives des années 30 aux années 78-80.

 

Nous pouvons maintenant interroger notre propre rapport à Dieu à parti de cette histoire. Ce n’est pas d’abord une histoire de morale. Les apôtres, au moment de quitter Jean pour suivre Jésus n’avaient pas de convictions fermement établies. A Jésus qui les interpelle après la multiplication des pains, Pierre répond : “A qui irions-nous, tu as la Parole de la Vie !”. C’est à ce moment que Jésus dévoile qu’un des disciples le trahira.

 

L’évangile peut aussi nous faire penser à la parabole du père prodigue et de ses deux fils… L’aîné, qui a toujours exécuté fidèlement le service du père n’accepte pas le retour de ce fils parti dilapider ses biens. Ici l’un dit oui mais ne fait rien… l’autre dit non mais passe à l’action.

 

On comprend bien la leçon rapportée à la fin de l’histoire : les publicains et les prostituées vous devanceront dans le Royaume. Les prêtres et chefs du peuple ont dû être vexés du regard de Jésus… Les premiers seront les derniers se retrouve aussi dans le Magnificat avec l’inversion entre petits et puissants. Jésus dira qu’il est venu pour les pécheurs qui se convertissent plus que pour ceux qui se disent justes et n’ont pas besoin de conversion. Il a fait aussi le choix de servir et non d’être servi.

 

Quand le pape François intervient à propos du cléricalisme ou, précédemment, à propos des bergers qui n’ont pas l’odeur du troupeau, n’est-ce pas une manière moderne d’interroger les responsables dans l’Eglise sur leur attitude de service ou de supériorité. On se souvient aussi de la dénonciation des péchés des cardinaux au temps de l’avent. En ce qui concerne notre propre conduite, envers Dieu et envers le prochain, nous pouvons rapprocher du oui et du non le binôme “dire et faire”… Cependant, avoir déjà un regard favorable, bienveillant envers le frère, le petit, le pauvre, c’est déjà se rapprocher du regard de Jésus envers nous. Nous ne sommes pas dans la morale, mais dans la relation.

 

Il faudrait aussi prendre le temps de relire la seconde lecture où Paul précise l'attitude de Jésus, sa relation à Dieu : Il n'a pas revendiqué d'être l'égal de Dieu... E.H.