Des premiers seront derniers...
21ème dimanche ordinaire
Isaïe 66, 18-21 ; Hébreux 12, 5-13 ; Luc 13, 22-30
Parole surprenante que cet évangile qui se termine par « il en est des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers». La forme proverbiale a simplifié l’expression en l’absolutisant : « les premiers seront les derniers… », correspondant sans doute à un désir enfoui dans la conscience populaire de renversement des valeurs établies. Luc ne fait-il pas dire à Marie : « il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles ! » Nous savons hélas qu’il y a loin des paroles à la réalité vécue dans notre système économico-libéral. Mais en ce temps-là, affirme-t-on, le Christ ne faisait pas un discours économique. Il était tout simplement du côté des pauvres, des petits, des exclus, il est devenu leur ami. Et cela inquiétait les puissants d’alors.
La parabole du pauvre Lazare décédé le même jour que le riche propriétaire devant la maison duquel le malheureux attendait l’aumône va dans le même sens. De même encore cette parabole où Matthieu exprime l’étonnement des uns et des autres au dernier jour : "où étais-tu Seigneur ?" On connaît la réponse "celui qui était à la porte, emprisonné ou enfermé dans la maladie, c’était moi !" Ne pourrait-on aujourd’hui ajouter à cette liste : le sans-papier, l’émigré, le sans-toit et le sans-travail ?
Il semble que le Dieu de l’Evangile soit assez sélectif dans l’accueil en sa maison. Ce ne sont pas les frotte-manche ou les spécialistes de la brosse à reluire qui entreront près de Lui paradis, malgré tous leurs efforts, que ce soit, à coup d’encensoir, d’eau bénite ou de processions : ce ne sont pas ceux qui disent "Seigneur, Seigneur!" qui entreront dans le Royaume écrit de son côté Matthieu, mais ceux qui font la volonté de mon Père. Or cette volonté du Père semble établir un certain rapport entre l’homme et les biens de la terre. Il est curieux qu’à ce sujet, Jésus ne fasse pas référence à
La voie étroite est celle du discernement, celle du serviteur qui se maintient en éveil pour servir, c’est la voie de celui qui se garde éveillé et en tenue de service, le chemin de celui dont le travail est créateur de vie, c’est aussi le chemin de celui qui n’utilise pas la loi pour éviter de s’occuper du prochain. Celui-là peut alors dire en toute vérité « Notre Père, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite » Telles sont les enseignements contenus dans cette section de l’évangile de Luc, aux chapitres 11 à 13. On peut y ajouter le ch. 10. Puisque la saison actuelle n’est pas au bronzage, profitons-en pour relire ces chapitres.