Une foi à soulever les montagnes !

27ème dimanche ordinaire

Habacuc 1, 2-3 et 2,2-4 ; 2 Timothée 1, 6-14 ; Luc, 17,5-10.

 

Au moment où l’on parle d’heures supplémentaires et du coût inhérent à cette surcharge, voici un drôle d’évangile! Après s’être expliqué auprès des pharisiens et autres au sujet de la place de l’argent dans le cœur de l’homme et les rapports sociaux, voici une séquence « entre les disciples et Jésus ».

 

Ici encore, Jésus emprunte à la vie quotidienne la comparaison, support de sa réflexion : « Lequel d’entre vous… » Nous savons bien que les rapports sociaux n’étaient pas les mêmes, il y a 2.000 ans et aujourd’hui. Cependant à toute génération, chacun n’est-il pas tenté de demander le plus possible de l’autre, surtout s’il ce dernier est serviteur ou dépendant. Faut-il transférer sur Dieu cette attitude, ou plutôt regarder envers nous-même le sens donné à ce que nous faisons. A ceux qui mettent leur foi-confiance en Dieu, il n’y aura jamais de limite au service. S’agit-il du service de Dieu par la prière ou du service des frères par la charité-solidarité ? Luc ne fait pas la distinction. Si certains prédicateurs insistent davantage sur le service de la spiritualité et d’autres sur la matérialité de la charité, l’évangéliste a déjà résolu le problème "aimer Dieu et aimer son prochain, cela ne fait qu’un" (ch.10), fait-il dire au à l'homme de la Loi.

 

L’évangile de ce jour laisse entendre qu’il n’y a pas de limite, pas de “temps personnel réservé” dans notre service de Dieu et du frère. N’est-ce pas ainsi que, déjà, bien des pères et mères agissent envers leurs enfants, de membres d’association envers leurs obligés ? Et lorsqu’on le leur fait remarquer, ne font-ils pas entendre que c’est normal !

Alors que parfois nous attendons de Dieu une récompense pour tout le bien qu’on aura fait, ou pour toute la prière que l’on aura déroulée, voici une réponse désarmante : « Dites-vous : nous sommes des serviteurs anonymes, nous avons fait seulement ce que nous devions faire ». Ainsi donc, pas de médaille de la légion d’honneur, ni de palmes académiques, ni de diplôme de sainteté ou de subito sancto au Royaume du Père. Non, rien qu’une phrase : "nous avons seulement fait ce que nous devions faire".

 

Cette parole de Jésus mérite d’être méditée, au moment où le peuple de Dieu court après les reliques des saints, oubliant de se précipiter auprès des mal-aimés de la société, les petits et les exclus de notre mondialisation. La parabole du bon samaritain (Luc 10), celle de Lazare et le riche (Luc 16) ne vont-elles pas dans le même sens ?

 

Enfin, peut-être faut-il cesser de ruminer sur la question du sens de ce que je nous faisons, de ce que nous vivons. Celui qui met sa confiance en Dieu, sa foi si faible soit-elle, doit pouvoir reprendre, à la fin d’une journée -même harassante- : "nous n’avons fait que ce que nous devions faire". La foi en Dieu s’exprime aussi dans les œuvres que nous faisons. EH