L'évangile aux païens

28ème dimanche ordinaire

 

2 Rois, 5, 14-17 ; 2 Timothée 2, 8-13 ; Luc 17, 11-19

Dix lépreux croisent le chemin de Jésus. Jésus les envoie au Temple pour
rendre compte de leur guérison. Un étranger, samaritain se retourne vers Jésus.

 

Au début de ce paragraphe, Luc éprouve le besoin de rappeler que Jésus est en chemin vers Jérusalem… c’est une manière de relier la guérison qu’il va relater avec le rejet, la condamnation et la mort de Jésus à Jérusalem, terme du chemin.

 

Sur ce chemin, dix lépreux que Jésus guérit. Il leur rappelle la consigne d’aller se faire voir auprès des autorités religieuses, au Temple de Jérusalem, pour être reconnus guéris et réintégrés dans la communauté. Or un seul revient, un samaritain. Cela se comprend naturellement, puisque lui et son peuple sont en froid avec les juifs depuis bien longtemps. Qu’il rende gloire à Dieu ouvertement, voilà ce que Luc (et Jésus) relèvent chez cet homme. Pourquoi donc le reproche de Jésus envers les neuf autres, dont on ne dit rien, mais qui ont sans doute exécuté à la lettre les rites prescrits ?

 

Le lépreux samaritain guéri rend gloire à Dieu, ouvertement, et rend grâce à Jésus en se prosternant devant lui… C'est une manière de reconnaître que le salut accordé par Dieu passe par Jésus. Luc emploie le mot « se retourner vers », qui est le même que « se convertir ». Sur le chemin qui mène à Jérusalem, il est un étranger qui reconnaît que la rencontre avec Jésus, c’est plus qu’une rencontre humaine : ce Jésus, il est l ‘envoyé de Dieu, il est le Messie. Comment se fait-il que les autres soient passé à côté?

 

En écrivant ce récit, Luc doit avoir en tête la manière dont la Bonne Nouvelle concernant Jésus a été reçue par les uns et les autres et qu’il rapportera dans les Actes des Apôtres. Comment se fait-il que les étrangers soient plus accueillants à Jésus et que le peuple prédestiné à le recevoir, peuple éduqué par l’Ancien Testament afin de reconnaître le Messie, n’ait rien vu et l’ait rejeté. L’annonce et l’ouverture faites aux païens demeure une caractéristique de l’œuvre de Luc. C’est déjà vrai du temps de Jésus, c’est vrai lors de la première annonce, c’est encore vrai avec la nouvelle évangélisation, où l’on voit des chrétiens de longue date rejeter la nouveauté de l’Evangile, alors que de nouveaux venus sont avides de mieux connaître l’Evangile et d’en vivre. Il vaut la peine de lire dans les Actes des apôtres le ch 14 où se fait le « passage aux païens », suite au rejet par la synagogue.

 

Il reste pour nous aujourd’hui, chrétienté de vieille tradition de ne pas nous enfermer dans les traditions… cela n’est pas sans rappeler le vin nouveau et les vieilles outres.