Bienaimé de Dieu

30ème dimanche ordinaire

Siracide 35,12-18 ; 2 Timothée 4, 6-18 ; Luc 18, 9-14

 

Le texte de l’évangile de ce dimanche fait suite à la parabole de la veuve qui réclame auprès du juge jusqu’à obtenir satisfaction. Aujourd’hui encore, il est question de prière. L’un des priants était pharisien, l’autre publicain (homme du monde et percepteur des impôts).

 

Le premier, imbu de ses qualités et compétences se met en haut de la nef et, dans sa prière, insiste sur sa différence d’avec les gens du peuple, ce commun des mortels, sur son aptitude à respecter tous les commandements. Le second n’ose pas lever les yeux. Il reste au fond de la synagogue espérant que le Seigneur le prenne en pitié, lui, pauvre pécheur.

 

Pas besoin de faire un dessin sur le type de prière que le Seigneur entendra. Il nous faut remarquer que ce n'est pas une prière d’humiliation, comme on a pu le prêcher dans les siècles derniers, mais simplement une présence à Dieu, consciente de la distance qui nous sépare de Lui. Le reste, c’est le Seigneur qui s'en occupera.

 

Dans la société actuelle, la vertu première est de savoir se vendre, de valoriser le potentiel que l’on détient, et un peu plus, quitte à en rajouter. Il faut convaincre qu’on est le meilleur, qu’on est au-dessus de panier… et toujours faire ses preuves. Les médias et les inspections du travail commencent aujourd'hui à s’interroger sur ces salariés qui craquent, et éteignent la flamme de vie qui les animait… Pourquoi ?

 

Parce qu’aujourd’hui, la valeur d'un l’homme dépend de ses compétences, de sa capacité à produire, rien de plus. L’homme de la Bible est celui qui est apte à reconnaître la qualité de sa relation à l’autre, et plus encore, la qualité de la relation de Dieu à nous. Grain de sable perdu dans l’immensité de l’univers, sans doute… mais grain de sable qui a du prix aux yeux de Dieu. Et cela sans raison aucune, sinon celle du bon vouloir de Dieu. Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés le premier dit st Jean. Il écrit encore dans sa première lettre : voyez comme il est grand l’amour dont Dieu nous a aimés, il a fait de nous ses enfants.

 

Ainsi donc, dans la foi des chrétiens, l'individu est invité à quitter le monde du calcul des compétences à apprécier la qualité d'une relation à l'autre, à Dieu, qui n’a plus rien à voir avec une comptabilité des valeurs acquises.

 

Il faut avoir un cœur de pauvre pour s’en remettre simplement à l’amour de Dieu… Bienheureux celui qui met sa confiance en Dieu, Père. Dieu ne compte pas les points de nos fidélités et infidélités, il est comme le père prodigue de l’enfant dévoyé qui revient au bercail… "Tu es là avec moi… arrête de parler en insensé, tu as du prix à mes yeux, plus que tout l’or du monde". Thérèse de Lisieux devait avoir acquis cette attitude de vivre devant Lui, de vivre pour Lui. EH