Leçon de Jésus sur un pèlerinage aux sources

3ème dimanche de l'Avent

 

Isaïe 35, 1 à 10 ; Jacques 5, 7-10 ;
Evangile:  Matthieu 11, 2-11

 

Dimanche dernier, Matthieu nous présentait un peu la figure du baptiste, au bord du Jourdain, et son enseignement un peu rude pour des auditeurs habitués à un discours un peu plus châtié, discours religieux qui n’interrogeait pas les habitudes et comportements. Car, pour Jean, on ne peut séparer l’attente de Dieu de la conversion du cœur signifié par la relation au prochain.

 

Quelques chapitres plus loin, un certain temps après le début, des gens parlent avec Jésus, à propos de Jean-Baptiste emprisonné pour avoir trop (bien) parlé. On imagine le désarroi de Jean et celui de ses propres disciples, manifesté par la question au sujet de Jésus : qui est-il celui-là qui ne reste pas à l’écart, qui guérit les malades, réconcilie les exclus etc…

 

A ceux qui posent des questions à Jésus sur lui-même, il est retour à la case départ, au moment de votre pèlerinage : qu’êtes-vous allé voir ? ». Sous-entendu : de cette expérience de rencontre, qu’avez-vous retenu pour aujourd’hui ? Et Jésus, (ou Matthieu), d’inviter chacun à relire ses classiques, c’est-à-dire à relire les paroles de l’Ecriture. Le texte choisi n’est pas une énigme, une devinette, il est l’expression d’un choix entre différentes présentations du Messie tel qu’on se l’imaginait à l’époque.

 

L’image choisie est celle que la Tradition chrétienne appelle la figure du Serviteur. Il vaut la peine de relire ces chapitres du prophète Isaïe, 40 et suivants. Ce sont des paroles d’espérance, espérance concrète pour le devenir concret de ceux qui entendent. Parole qui exprime une manière d’exister en proximité avec ceux qui souffrent, qui doutent. Il n’est pas seulement espérance d’avenir dans l’au-delà, mais au présent, et Jésus dira souvent « aujourd’hui ! C’est aujourd’hui que cela se réalise ! ». On pourra lire au ch. 12 ‘il est celui qui n’éteint pas la mèche qui fume encore, celui qui ne brise pas le roseau froissé. Ce n’est plus un débat d’idée, c’est une manière concrète d’exister au milieu des hommes, une vie en proximité.

 

 Matthieu n’en reste pas au niveau de l’interprétation de textes anciens. Discutailler, ferrailler, se chamailler en ‘discussions théoriques’, entre écoles théologiques et spirituelles, cela ne suffit pas pour suivre Jésus. Qu’êtes-vous allé voir, qu’avez-vous trouvé… sous-entendu, votre admiration, votre bel enthousiasme à son égard cela a-t-il eu des conséquences pratiques, cela vous a-t-il ouvert les yeux sur « qui est l’envoyé de Dieu ? » Il faut lire la suite du texte proposé à la lecture publique. (Lire Mtt 11, 1-24). Le véritable sujet de cet ensemble concerne le « suivre Jésus » après avoir reconnu le chemin qu’il propose.

 

Le texte actuel et le rapport qu’il établit entre Jean (le précurseur) et Jésus sont le fruit des débats entre les partisans du baptiste et les disciples de Jésus, mais ceci demanderait bien d’autres explications.