Tentative de division
1er dimanche de carême
Genèse 2, 7 à 3,7 : vous serez comme des dieux ! ; Romains 5, 12-19 : en Jésus nous sommes vraiment justifiés, réconciliés avec le Père ; évangile, Matthieu 4, 1-11, les tentations de Jésus
Le lecteur “moderne” lira le récit des tentations de Jésus comme un conte merveilleux, comme un mythe, comme quelque chose d’irréaliste, et il n’aura pas tort Trop de chrétiens ne lisent-ils pas ces textes à la lettre en oubliant l’esprit qui inspirait le rédacteur ? L’objectif de Matthieu ouvrant un « évangile concernant Jésus » est moins de décrire la matérialité d’un évènement que d’inviter son lecteur à comprendre, dès l’introduction, ce que fut le combat de Jésus ce à quoi il sera affronté au cours de son chemin vers le Golgotha. Matthieu résume en trois tentations ce à quoi fut confronté Jésus. Matthieu nous propose ainsi trois dialogues en forme d’aller-retour, la demande du tentateur apparaissant bien sympa commence à chaque fois par ‘si tu es le Fils de Dieu », et la réponse de Jésus en retour est percutante comme une flèche acérée. Chacune de ces réponses s’appuie sur l’Ecriture.
Chacune d’elle commence par “Si tu es le Fils de Dieu…”. Qui de nous n’aura jamais dit « si le bon Dieu existait… ? » Toute tentation vient interroger la relation à Dieu, que ce soit pour Jésus, que ce soit pour nous.
La première tentation s’appuie sur le légitime besoin de pain. Centrer sa vie sur les besoins primaires : nourriture, logement, éducation. Jésus ne nie pas leur nécessité absolue, mais il n’y a pas que cela dans la vie.
La seconde tentation exprimerait un besoin de reconnaissance et un abus de confiance, en provoquant Dieu à faire face à nos abus de confiance. Peut-on se permettre toutes les conneries, même financières en supposant que Dieu réparera les dégâts ?
La troisième tentation se développe à partir d’un besoin de domination à assouvir à tout prix. Vendre son âme au diable, quitter la relation au Père, pourvu que… Mettre une division, une séparation entre Jésus et son Père, voilà la suprême des tentations, celle qui nous guette aussi. Adorer le diabolos plutôt que le Père, voilà le pari du tentateur. Diable est la version francisée d’une traduction grecque diabolos. Le terme diabolos est à l’opposé du mot symbolos. Le diabolos divise, sépare, à l’opposé du symbolos, qui, lui, qui réunit.
Le message de Bonne nouvelle porté par ce récit, c’est que rien ne peut séparer Jésus de son Père ; Sa mission d’être lien entre le Père et l’humanité est affirmée.
Tout homme, appelé chrétien par le baptême, aura à affronter au milieu de son monde ces tentations, ces sources de ruptures d’avec Dieu notre Père. Il peut arriver à chacun de tourner le dos, mais il est possible à chacun de se retourner, de se convertir, de faire mouvement vers le Père. Plus qu’un temps de sacrifice, le carême est un temps de conversion.