La résurrection et la Vie
9 mars- 5ème dimanche de carême
Ezechiel 37, 12-14 ; Romains 8, 8-11 ; Jean 11, 1-45
La résurrection et la vie
Devant un texte très long, trop long, comme celui de Lazare, grande est la tentation du lecteur d’aller à l’essentiel. Mais où est-il, l’essentiel dans ce texte ? La pensée de l’évangéliste Jean est très complexe, trop pour être résumée en un titre ou une phrase. Pour nous, occidentaux et rationalistes du XXIème siècle, il nous faut apprendre à ruminer ce texte, à le mettre en rapport avec d’autres textes et leur contexte. Où faut-il focaliser notre regard, (et le faut-il) ?
L’ensemble de l’Evangile de Jean cherche à répondre à la question du lien restauré ou non entre l’humanité et Dieu, par Jésus : qui est-il cet homme Jésus et que vient-il faire pour nous ? De Cana à la guérison de l’aveugle de naissance en passant par la Samarie, Jean invite à comprendre le secret de cet homme dont il fut l’ami : quel est le ressort de sa vie, ce qui l’aimante, ce pour quoi il se bat. Mais aussi : que signifie la mort brutale de Jésus, le fait qu’on l’ait arrêté en pleine course. Sa mort est-elle le signe d’un échec, signe qu’on ne pourrait plus croire en la force d’aimer, à l’image de Dieu qui fait tomber la pluie sur les bons comme sur les pécheurs ?
L’évangéliste nous parle de Jésus, celui qui fait passer des ténèbres à la lumière, de l’état de pécheur à celui de réconcilié avec Dieu, celui par qui nous vient la relation nouvelle, la nouvelle alliance célébrée en chaque eucharistie. Jésus est présenté comme le chemin, la vérité, la vie. Qu’en ont dit et pensé ceux qui l’entouraient ?
Il faut donc prendre du temps pour lire cet évangile, être attentif à chacun des personnages, leurs attitudes, leurs dialogues avec Jésus ou à la cantonade. Il faudrait aussi relire ce que dit Paul dans la lettre aux Romains, ch 6 et 8, en particulier quand il relie les notions de mort et de résurrection, avec celles de « morts au péché et vivants à Dieu dans le Christ Jésus ».
Nous qui sommes hantés par la finitude, par l’au-delà de la mort, nous voudrions avoir réponse à nos attentes d’ordre physique, physiologique. Or la question des hommes de la Bible, surtout au temps de Jésus, était celle de savoir si Dieu s’était réconcilié avec son peuple, si entre les hommes et celui qu’on appelle Yahvé, il y avait à nouveau communication et vie. Marthe sait que cela, c’est pour la fin des temps !
La réponse inattendue de Jésus c’est d’affirmer que la Vie en plénitude, la vie avec Dieu, ce n’est pas pour demain, c’est pour aujourd’hui. Mais sommes-nous prêts à croire en cette relation de Dieu avec nous aujourd’hui ? Chacune de nos vies est un chemin bien compliqué, semé de merveilles et de doutes. Bien des épines et des injustices nous font douter que la vie ait un sens Or la Bonne Nouvelle est que, même dans cette situation, Dieu s’est rendu proche de nous. Alors vivons en ressuscités, et non en condamnés à mort : rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ, fils de Dieu. E.H.