Pour qu'ils aient la Vie en abondance
13 avril- 4ème dimanche de Pâques
L’évangéliste Jean vient de rapporter la guérison de l’aveugle de naissance. Après avoir rendu compte, comme dans les minutes d’un procès, des interrogatoires qu’ont subis l’aveugle, sa famille et même Jésus, de la part de ceux qui lui sont hostiles (les pharisiens), à la fin de l’interrogatoire la décision est exprimée de rejeter l’aveugle, et Jésus de conclure à l’aveuglement des pharisiens.
C’est dans ce contexte que Jean situe l’enseignement de Jésus, au sujet de ceux qui choisissent la bonne porte et ceux qui la rejettent. Jésus s’identifie au portier, à la porte par laquelle il faut passer pour entrer dans l'enclos… à moins d’être un brigand. Et Jésus conclut : je suis venu pour que les hommes aient la Vie, pour qu’ils l’aient en abondance.
La critique ironique a vite fait de traiter les chrétiens de moutons dociles dans un enclos, à cause de cet évangile. Mais ce faisant les railleurs ne tiennent pas compte du contexte dans lequel ce récit est situé. En effet, il a fallu plus que du courage à l’aveugle pour suivre Jésus alors que toutes les autorités de l’époque le pressent d’abandonner son guérisseur.
Les premiers chrétiens, de même, à la suite des disciples, ont subi plus que de l’humiliation à vouloir suivre le Christ. Quant aux XX° et XXI° siècles, on ne peut pas dire qu’ils furent de bonne composition à l’égard des chrétiens. N'y a-t-il pas eu 21 prêtres, religieux ou religieuses assasinés dans le monde en 2007? Sans doute les chrétiens, comme bien des membres de l’actuelle société sont demeurés passifs devant la misère du monde, mais ils sont aussi nombreux à se battre, soit dans la vie associative et dans l’engagement syndical ou politique pour oser contester la main invisible qui manipule l’organisation de la société, en faveur des nantis et en défaveur des derniers de la terre.
Il semble que ce ne soit pas ainsi que l’on marche à la suite de Jésus et à porter sa croix ! L’attention au plus petit, au dernier, à l’humilié de la société semble faire partie du programme de la bergerie. Il faut sans doute plus de grandeur d’âme pour choisir la paix, la justice, la vérité, la miséricorde, que pour s’assoir dessus. Tout cela n’est-il pas écrit en ouverture du discours de Jésus, Matthieu chapitres 5 à 7 ? E.H.