Pour que le monde croie

Actes 1, 12-14 ; 1 Pierre 4, 3-16 ; Evangile Jean 17, 1-11

Entre Pâques et Pentecôte, il nous est donné de lire plusieurs textes de l’Evangile de Jean. Ce dimanche ce sont quelques phrases de la longue prière du ch 17. Quelques mots reviennent à plusieurs reprises : glorifier, connaitre, reconnaitre ; le monde ; recevoir.

Une phrase peut surprendre : « ce n’est pas pour le monde que je prie… » En cet instant décisif où approche la nuit de la croix, Jésus prie d’abord pour ceux qui l’ont reçu, entendu, car eux aussi sont amenés à passer par l’épreuve de l’exclusion et de la persécution. Jean le sait bien au moment où il rédige son évangile. Certains ont pu abandonner devant l’épreuve ; d’autres ont pu affadir le message de Jésus

Le mot “monde” est ambigu, chez Jean. Tantôt il désigne le monde au sens de l'univers visible, tantôt il désigne les forces hostiles à Jésus et à son Evangile. Pour comprendre la prière de Jésus en cette fin d’Evangile, il faut relire ce qui est dit de Jésus au commencement de l’Evangile :

« Au commencement était le Verbe, … venant dans le monde, il illumine tout homme. Il était dans le monde et le monde fut par Lui ; et le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez les siens ne l’ont pas reçu. Mais à ceux qui l’ont reçu, qui croient en son nom, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu… » C’est à cette portion d’humanité que Jésus pense d’abord dans sa prière… à ceux-là qui ont accepté d’être illuminés par la parole de Jésus ; ils ont aussi accepté de devenir témoins de la Lumière pour éclairer les hommes auxquels ils sont envoyés. Ce sera explicité dans la suite de la prière (que, malheureusement la liturgie n’a pas retenu) : « je ne te demande pas de les enlever du monde ! Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les envoie dans le monde… Je ne te prie pas seulement pour eux, je prie aussi pour tous ceux qui grâce à leur parole, croient en moi. » «Qu’ils soient un comme toi et moi nous sommes un, afin que le monde croie que tu m’as envoyé… »

Ainsi la prière de Jésus n’est pas invitation à vivre en séparés du monde, à l’écart ; c’est une prière qui porte le souci de la mission. Les disciples doivent continuer dans le monde ce que le Verbe a commencé. Nous savons aussi, par la prière de Jésus, qu’il envoie sur eux l’Esprit saint, celui qui leur souffle les mots utiles pour être ses témoins. Nous croyons que l’Esprit de Jésus continue à souffler sur son Eglise, qu’il conseille et fortifie les chrétiens d’aujourd’hui, baptisés et confirmés, afin qu’ils sortent de leurs murs pour annoncer l’amour de Dieu à tout homme du monde. Le récit de Pentecôte n’est pas l’histoire du seul premier jour, il est porteur de l’œuvre accomplie par les témoins à la suite de Pierre et des apôtres. Nous faisons partie de cette immense chaine de témoins… Que l’Esprit de Jésus nous dynamise au-delà de nos réserves et de nos peurs. E.H.