Entre dans la joie de ton maître
33ème dimanche ordinaire
Proverbes, ch 31 ; 1 Thessaloniciens 5,1-6 ; Matthieu 25, 14-30
Les lectures de ce dimanche, 33ème et dernier dimanche ordinaire sont choisies comme évocation de la fin des temps. Le ch. 25 de Matthieu nous livres quelques paraboles dans cette perspective : ce qui intéresse notre Dieu, c’est notre aptitude à demeurer éveillés et actifs jusqu’à la fin. Même attitude pour l’évangéliste Marc qui conclut sur une mise en garde : « Veillez ! ». Luc, lui aussi, exhorte ses lecteurs à se tenir éveillés et debout au milieu des évènements.
Il est original de lire cette année la parabole des talents, au milieu des vicissitudes financières que traverse notre planète L’Evangile n’a pas de « prescriptions financières » à donner, même si à l’époque déjà, on savait faire fluctuer les prix du blé et des matières vitales pour l’empire romain. Les sommes dont parle l’évangile sont énormes. Un talent équivaut à 34 kg d’or ! Jésus choisit donc le milieu de la finance de son époque comme lieu de mise en œuvre de sa parabole. Il y est aussi question d’un maître parti en voyage… certains exégètes pensent à Hérode parti solliciter auprès de Rome un soutien accru pour mater les rebellions juives contre son autorité.
Souvent, il est reproché à cet évangile l’attitude dure à l’égard de celui qui n’a rien fait. Disons seulement que la parabole invite à considérer comme un moins que rien, celui qui n’a rien produit. Combien de banquiers aujourd’hui ne considèrent-ils pas une entreprise comme moins que rien et la liquident pour n’avoir pas rapporté au capital plus de 10%. Avant de juger l’évangile, jugeons notre monde et ses pratiques.
Ceci dit, et qui n’est pas étranger à l’esprit de l’évangile de ce dimanche, revenons-en au chapitre 25 de Matthieu. Il est tout entier construit sur le retour du Fils de l’homme, au dernier jour, dans la continuité du ch.24. C'est une invitation pressante adressée aux chrétiens à ne pas baisser les bras dans leur vie quotidienne, invitation à ne pas attendre les yeux au ciel, dans la mièvrerie et la passivité, que le Seigneur fasse quelque chose à notre place. C’est bien le reproche qui est fait à celui qui n’avait reçu qu’un talent. Il lui est reproché de n’avoir rien fait.
Des pauvres, des malades, des affamés et des prisonniers, il y en a tant et plus, et quand nous le voulons, nous pouvons faire quelque chose pour eux… Ce que nous avons reçu de talents et de qualités doit être mis à leur service, car cela est service du Seigneur Jésus en attendant son retour. Dans le discours inaugural, Matthieu rapportait la parole de Jésus : ce ne sont pas ceux qui disent “Seigneur ! Seigneur qui entreront dans le royaume, mais ceux qui font la volonté du Père”. A la fin de son Evangile, avant le récit de la Passion, Matthieu rappelle encore le service à faire que Dieu attend de chacun. Ce n’est pas l’enseignement d’une morale ou un calcul en vue de la récompense finale, c’est la stricte application de l’amour du prochain, inséparable de l’amour de Dieu. Vous serez « jugés » selon la qualité de votre cœur mise en œuvre dans la quotidienneté de votre existence. E.H.