Je ferai de vous des pécheurs d’hommes

3ème dimanche ordinaire

 

 
Jonas 3, 1-10 ; 1 Corinthiens 7, 29-31 ;
Marc 1, 14-20  lire le texte intégral

 

 
Nous retrouvons la lecture de l’évangile selon Marc pendant quelques dimanches. Après le baptême très discret de Jésus par Jean, Jésus poussé par l’Esprit-Saint va au désert. Pour Marc, c’est une manière de rappeler que Jésus est comme les prophètes et comme Moïse. La mission de bien des grands personnages d’Israël (Moïse, les hébreux, Elie etc.) commence par un temps au désert, à la rencontre de Dieu. A nous d’être aussi dans ce même état d’esprit.
 
Marc précise que Jésus se trouve au milieu des bêtes sauvages… normal diriez-vous, puisqu’on est au désert. Mais il faut se souvenir de la figure annoncée des temps messianiques, où l’enfant joue sur le nid du cobra, où le lion et la vache mangent ensemble du fourrage etc. Jésus inaugure les temps messianiques. Marc précise encore que les anges le servaient... Faut-il rappeler que la mission des anges et d’abord de servir Dieu-Yahvé, ensuite d’être messagers de sa Parole auprès des hommes: ainsi en est-il des anges autour de Jésus. Voici donc une belle entrée en matière pour présenter Jésus, à condition de savoir mettre les images en rapport avec la réalité qu’elles désignent.
 
Voici donc, la parole de Jésus : « Le règne de Dieu s’est approché de vous, croyez à cette Bonne Nouvelle » La conversion à laquelle Jésus invite c’est d’abord de croire que Dieu se rend proche de nous… alors que souvent nous disons que la conversion c’est faire des efforts pour nous rapprocher de Dieu ! C’est Dieu d’abord qui fait le premier pas. L’évangéliste Jean ne dit rien d’autre : « Dieu le premier nous a aimés ». A nous ensuite de porter les fruits de cet amour donné et reçu.
 
"Venez à ma suite, je ferai de vous des pécheurs d’hommes". Cet appel sans explication et la réponse immédiate sans questionnement ont étonné à juste titre les lecteurs de maison d’Evangile. Marc ne cherche pas à décrire toute la réalité, mais il pointe son regard sur ce qui se passe au plus profond du cœur de celui qui entend l’appel et y répond. L'évangliste Jean lui, insistera sur le temps de l’apprivoisement, sur l’invitation de bouche à oreille par les disciples eux-mêmes. Cette attitude à suivre Jésuschez Jean comme chez Marc, va entrainer les disciples à quitter les sentiers battus par tous les scribes et pharisiens, plus prompts à condamner les pauvres gens qu’à se mettre à leur écoute et à leur service. Jésus va, de suite, se rendre proche des mal vus de la société d’alors. Il met en œuvre, par des actes, la Parole de Bonne Nouvelle : « Dieu s’est rendu proche ! » 
 
Et nous ? Allons longtemps encore nous enfermer dans les églises à chanter Veni Creator habillés de vêtements cousus de fils d’or ou bien allons-nous avancer au large en ouvrant les portes de nos églises et de notre cœur ? Les disciples suivent Jésus sans lui demander d’abord de respecter toutes les règles de bonne conduite (613), sous peine d'être déclaré impur. Ainsi iront-ils avec Jésus à la rencontre d’un lépreux ; ils iront manger dans la maison d’un publicain (un homme peu fréquentable) et ils seront à table avec de nombreux pécheurs, car ils étaient nombreux, précise Marc.
 
Dimanche prochain le Conseil diocésain de la Vie religieuse invite les personnes consacrées à renouveler leurs vœux, non dans leur monastère ou chapelle, mais en allant sur la place publique là où se trouvent « ceux qui n’existent pas », ceux que Dieu a choisis, affirme Paul aux Corinthiens (1 Co, 1, 28 : pour ceux qui lisent l’original en grec plutôt qu’en latin : ta meonta). On pourra les critiquer comme on a critiqué Jésus mangeant chez les pécheurs (Marc 2,13-17) mais elles sont, comme Jésus, allées à la rencontre de celui qui doute que Dieu se soit rendu proche. Il arrive que Jésus et l’Evangile soient dérangeant. EH.