Etonnés par son enseignement

4ème dimanche ordinaire

Deutéronome, 18, 15-20 ; 1 Corinthiens 7, 32-35 ; Marc 1, 21-28
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Nous sommes au tout début de l’Evangile selon Marc. Après l’appel des 4 premiers disciples, Marc nous entraine avec Jésus à la synagogue, quoi de plus normal ! Mais la manière dont Marc parle de Jésus est plus que surprenante, non parce que nous y voyons Jésus faire taire un esprit dérangé, mais parce que çà commence par une phrase étonnante, concernant l’enseignement de Jésus : Jésus enseignant, ils étaient frappés de son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, pas comme les scribes. Quelques lignes plus loin : Voilà un enseignement nouveau, plein d’autorité… et sa renommée se répandit partout.
 
Que je parcoure le diocèse ou que je lise les questions des maisons d'Evangile sur Marc, personne ne relève l’insistance portée sur l’enseignement de Jésus et sa différence d’avec les professionnels de l’enseignement qu’étaient les scribes. C’est un peu comme si les esprits étaient hypnotisés par le silence imposé à l’homme dérangé. Tout le monde crie (aujourd’hui) “au miracle”. A l’époque, personne ne s’en étonne : Jésus a simplement remis en place un excité de la parole et l’a fait taire. Notre lecture de l’Evangile est déformée et nous ne voyons pas la manière dont Marc introduit Jésus, lorsqu'il commence à enseigner d'une manière dofférente des scribes. Tout est déjà en place pour la solution finale : il mérite la mort… cela viendra quelques lignes plus loin, au chapitre 3
 
Si l’on respecte celui qui a écrit l'évangile, reconnaissons qu’il parle d’un Jésus qui enseigne. Mais quand il m’arrive de demander : qu’enseigne-t-il ? Aucune réponse n’est donnée ! On n’en sait rien… pas de discours, à la différence de Matthieu. Ce qui est présenté, c’est la différence entre Jésus et les scribes sur la manière de parler et d’enseigner. Les scribes devaient être des répétiteurs peu convaincants. Jésus devait avoir un langage qui vient percuter le cœur et l’esprit de ses auditeurs. Parler et enseigner à la synagogue ce n’est pas seulement répéter les Paroles des Ecritures, c’est parler au cœur, comme l’annonçaient Osée ou Jérémie.
 
Marc ne nous livre pas les traces de ces premières paroles, excepté "Dieu s’est rendu proche de vous". Peut-être est-ce cela, la “Bonne Nouvelle” qui fait vibrer les foules : Dieu se fait proche de vous! Comme paroles-discours de Jésus Marc ne nous livre rien d’autres. Jésus n’enseigne pas la peur, le péché ou la punition de Dieu, mais la proximité de Dieu. Marc préfère ensuite nous montrer Jésus en actes, plutôt qu’en paroles : visiter à la belle-mère de Pierre, prendre la malade par la main, guérir de nombreux malades et possédés –aucun détail n’est donné, alors évitons d’en rajouter, pour satisfaire notre curiosité malsaine-. Constatons que Jésus va toucher un lépreux, ce que la loi interdit ; puis il invite Lévi à le suivre. C'est un publicain, donc quelqu’un qui est mal vu. Pire, Jésus entre dans sa maison et mange avec lui, et avec ses amis, -des pécheurs- précise Marc qui insiste : et ils étaient nombreux.
 
Marc choisit de dire qui est Jésus en racontant les actes qu’il pose. Une manière de dire que le véritable enseignement sur Dieu, on le trouve dans la manière d'être de Jésus, quui va à la rencontre de celui qui n’y croit pas, le malade, l’exclus, le pécheur. « Je ne suis pas venu pour les bien portants mais pour les malades », je ne suis pas venu pour condamner…
 
Ainsi donc, Marc affirme que Jésus captive par son enseignement. On aurait aimé en savoir plus... On peut demander aujourd’hui quelles paroles de l’Eglise captivent les foules. On se souvient du bon pape Jean, qui, il y a cinquante ans passionnait les foules, annonçait un renouveau de l’Eglise et mettait en route le concile (25 janvier 1959). On n’en dira pas autant de son actuel successeur, qui ferme les portes à ceux qui se sentent loin de l’Eglise et de Dieu pour les ouvrir à d’autres qui n’ont que des mots de condamnation à la bouche. E.H.