C’est vous qui en êtes témoins !

3ème dimanche de Pâques

Actes 3, 13-19 ; 1 Jean 2, 1-5 ; Luc 24, 35-48


L’évangéliste Luc situe l’ensemble des évènements d'après Pâques le même jour de Pâques, jusqu’au départ du Christ, le soir même de la résurrection. Nous connaissons déjà le récit des disciples d’Emmaüs. Nous lisons ce dimanche la suite, avant que le Christ ne disparaisse du regard des disciples (fin du Ch 24 de l’évangile selon Luc).

 

On retiendra le souci qu’a Luc de signifier que le Christ d’après la résurrection est le même que celui d’avant la résurrection. Ce n’est ni un fantôme, ni une ombre, ni une idée ou un phantasme. Cette parole s’adresse avant tout aux premiers disciples et aux premiers chrétiens qui, surtout en monde grec auraient pu transformer la réalité de Jésus ressuscité en idée, généreuse certes, et conforme au platonisme ambiant, mais totalement étrangère à la foi des chrétiens. D’où l'insistance sur le physique, le toucher, le repas etc. C’est une manière de traduire dans une culture donnée la certitude que Dieu l’a relevé, celui que les hommes avaient crucifié.

 

Luc fera tenir un discours semblable à Pierre dans le discours de Pentecôte. Cette parole de Luc nous concerne encore aujourd’hui… croyons-nous que Dieu l’a relevé, re-suscité d’entre les morts, pour qu’il soit le premier des vivants auprès de Lui ? Autre manière de parler : Dieu ne l’a pas abandonné au pouvoir de la mort, lui qui toute sa vie à témoigné de l’amour de Dieu pour toute l’humanité.


Il faut aussi être attentifs à la dernière partie de cet évangile : « Rappelez-vous » est-il précisé, rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous ». Manifestement, il y a ici l’affirmation d’une distance entre l’avant et l’après : quand j’étais encore avec vous. Cette phrase devrait nous éviter de dire que Jésus est présent aux disciples comme avant. Jésus n’est pas qu’un souvenir, une idée, c’est la première partie de cet évangile ; la seconde partie, c’est la remise en cause de l’affirmation selon laquelle le Christ ne ferait plus partie du peuple de la Bible, puisqu’il avait été condamné par le grand Tribunal et exécuté. D’où l’invitation à relire les Ecritures pour y découvrir que Jésus a vécu en conformité avec ce qu’exprimaient les Ecritures, les prophètes en particulier.

 

Cet appel à relire les Ecritures pour comprendre la vie de Jésus est aussi un appel pour nous aujourd’hui, pour donner sens à notre vie, à la lumière du Christ des Evangiles: Comprendre, afin de devenir à notre tour les témoins du ressuscité au milieu des nations.

 

Aujourd’hui, il est nécessaire de revoir notre vie, afin d’y discerner en quoi elle est témoignage porté au Christ ressuscité : en quoi nos vies continuent ce que le Christ à inauguré : "présence aux malades, aux boiteux, aux aveugles, aux pauvres et aux opprimés". C’était le discours inaugural de Jésus dans la synagogue de Nazareth (Luc ch.4) : c’est aujourd’hui que cela se réalise encore dans nos vies animées au souffle de l’Esprit de Jésus.
Abbé Emile Hennart