Le signe de l’alliance

Fête du Corps et du Sang du Christ


Exode 24, 3-8 ; Hébreux 9, 11-15 ; Marc 14, 12-26

 

Pour la messe du Corps et du Sang du Christ (fête du saint Sacrement), nous retrouvons l’évangile selon Marc, délaissé depuis quelques temps. Le récit de la Cène rapporte les paroles du Christ : "prenez, ceci est mon corps… ceci est mon sang, le sang de l’Alliance répandu pour la multitude". Si nous allions lire le récit le plus ancien, dans la lettre de Paul aux Corinthiens, ch.12, nous pourrions y lire : "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang; chaque fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi." Ce sont les deux plus anciens récits nous rapportant l’institution de l’eucharistie.


Ces deux textes évoquent l’Alliance, l’Alliance nouvelle. C'est une manière de dire que le Christ vient renouer les fils déchirés de la relation au Père. Ce faisant, Jésus reprend le rite de conclusion de la première alliance célébrée par Moïse, selon le récit qui en est fait au chapitre 24 de l’Exode.

 

Plus tard Jérémie viendra exprimer le désir de Dieu de conclure une alliance nouvelle, qui sera écrite dans les cœurs, non plus dans les sacrifices sanglants. Il est d’ailleurs difficile de penser que Dieu ait pu sacrifier son Fils. Relire l’allégorie du vigneron qui envoie ses serviteurs à la vigne peut aider à comprendre : les envoyés du maître de la vigne sont molestés l’un après l’autre, et le maitre espère encore, qu’en envoyant son fils, cela se passera bien… ce sont les vignerons qui sacrifient le fils, et non le maître. L’insistance théologique à vouloir parler de sacrifice là où il y a don d’amour entraine des dérives dans bien des consciences chrétiennes.

 

Il faut revenir aux origines, à la première fois où l’alliance est proposée entre Dieu et l’homme. C'est au livre de la Genèse, ch.9. Dans le dialogue avec Noé, Dieu propose de se souvenir de cette alliance: chaque fois qu’il verra un arc-en-ciel au firmament : “je me souviendrai de l'alliance qu'il y a entre moi et vous et tous les êtres vivants.” C'est bien Dieu qui veut se soouvenir de nous! Et nous?


Les textes au sujet de l’Alliance soutiennent notre méditation pour ce dimanche, ils nous dévoilent en même temps l’intention profonde de Dieu qui, depuis les origines, est un Dieu de relation. Le mot communion est venu s’ajouter à celui de l’Alliance. Il renforce la certitude de foi que ce sacrement, sommet de la vie chrétienne, est bien le lieu de la rencontre, de la communion entre Dieu Père et ses enfants. Et lorsque l’Eglise se rassemble pour le repas et pour rompre le pain, elle vient proposer tout à la fois l’union à Dieu et l’unité du genre humain, comme le rappelle le concile Vatican II dans la constitution Lumen Gentium.


Au moment de recevoir le Corps du Christ partagé dans l’Assemblée, puissions-nous rendre grâce au Père de vouloir, hier comme aujourd’hui, rassembler dans l’unique alliance du Christ toute la famille humaine, même si elle ne le mérite pas : ce n’est pas nos mérites qui nous donnent accès à la communion, c’est l’amour du Père qui nous fait entrer dans cette communion.

 

Il est grand le mystère de la foi ! “Ce mystère concerne avant tout l’initiative gratuite que Dieu a prise de se révéler aux hommes, pour sceller avec eux une Alliance indéfectible… Qu’est-ce que l’homme que tu en prennes souci ?” (lettre aux catholiques de France). Apprenons à rendre grâce à Dieu, à faire eucharistie ensemble.

 

Il n'est pas inutile de relire le passage extrait du ch 12 de 1 Corinthiens, lu à la messe du mercredi 10 juin: "Notre capacité vient de Dieu : c'est lui qui nous a rendus capables d'être ministres d'une alliance nouvelle, une alliance qui n'est pas celle de la lettre de la Loi , mais celle de l'Esprit du Dieu vivant; car la lettre tue, mais l'Esprit donna la vie."