Il s'étonna de leur manque de foi !

14ème dimanche ordinaire.


Ezéchiel2 2-5 ; 2 Corinthiens 12, 7-10 ; Marc 6, 1-6


Les quelques lignes d’Evangile lues ce dimanche forment la conclusion de la deuxième partie de l’Evangile de Marc. La première s’était conclue sur la décision ferme des pharisiens de chercher par tous les moyens à faire périr Jésus (Marc 3,6) ; c’était à Capharnaüm.


Quelques temps plus tard, à Nazareth, pays d’origine de Jésus, l’accueil est plutôt mitigé. Que s’est-il donc passé depuis Capharnaüm ? De nouvelles critiques avaient été émises contre Jésus : sa parenté voulait le récupérer car elle estimait qu’il avait perdu la tête. Puis des scribes avaient émis l’hypothèse qu’il chassait les démons parce qu’il était lui-même le chef des démons etc. Dès lors l’enseignement de Jésus se fait en paraboles, petites histoires qu’il faut savoir décrypter. Et quand on n’est pas au parfum, qu’on veut rester en dehors du cercle, on ne comprend pas tout ! Pourtant Jésus invite à méditer sur l’avenir de la Parole de Dieu, Dieu comme un semeur qui sème sans mesurer la dépense ; il ne doute pas que la Parole semée produise du fruit, malgré la sécheresse, la pierraille et les épines. Aujourd’hui encore cette Parole produit du fruit…


Après cet enseignement, Jésus est allé en territoire païen. Il y guérit un possédé fort torturé par les démons. Il s’ensuit qu’un troupeau de porcs se jette dans le lac. Au sens figuré, cela signifie que Jésus libère le pays de tout ce qui rend impur. Mais les gens du village trouvent que cette guérison coûte cher et demandent à Jésus de s’éloigner. Voici encore deux guérisons en terre de Galilée et Jésus arrive à Nazareth. Selon saint Luc, Jésus aurait été invité à faire la lecture et son commentaire dans la synagogue. Marc ne dit rien du discours-programme de Jésus. Il insiste sur l’attitude des gens. Ils sont dits étonnés des propos de Jésus : un enfant du pays qui parle comme un prophète, est-ce possible ? Marc précise "étonnés", au sens de scandalisés que Jésus ait le don de sagesse et de guérison. Une certaine aigreur semble se dégager, une atmosphère indéfinissable et Jésus met le feu aux poudres : « un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, parmi sa parenté et dans sa maison ». Et Jésus s’étonne de ce qu’ils ne croyaient pas... Quand on prêche l'ouverture, on est vite contesté!


Sans doute ces gens de Nazareth, ses compatriotes, étaient-ils venus assister au spectacle de guérison, sans doute attendaient-ils de Jésus quelques paroles agréables à entendre, du genre des boniments de ceux qui caressent dans le sens du poil… Mais le langage de Jésus est percutant, tranchant comme un glaive dira St Paul.


Une fois perçue cette situation d’hier entre Jésus les anciens du village, peut-être pouvons-nous nous interroger entre croyants de vielle souche sur nos attentes… si les évêques et le pape parlaient (et agissaient) un peu plus en faveur des pauvres, des réfugiés, des gens mis au chômage, ne serions-nous pas un peu comme les gens de Nazareth : De quoi se mêle-t-il celui-là ? Oscar Romero, Dom Helder Camara en savent quelque chose Peut-on espérer de la part de l’Eglise catholique des paroles aussi percutantes que celles d’Amos ou Isaïe qui ne craignaient pas à détourner les populations des sacrifices holocaustes et encensements pour les réorienter vers la justice en faveur des pauvres : arrêtez de fausser les balances de pratiquer l’injustice, rendez droits vos chemins tortueux… C’était hier, mais ça peut encore se dire aujourd’hui. EH