Comme des brebis sans berger

16ème dimanche ordinaire

Jérémie 23, 1-6; Ephésiens 2, 13-18 ; Marc 6, 30-34

 

Voici trois dimanche de suite où nous lisons un chapitre de saint Marc. Dimanche prochain nous partons chez Jean. Goûtons une fois encore le récit où Marc évoque cette rencontre, cette frénésie de la part de foules d’être au contact de Jésus. Pourtant elle semble tout ignorer de l’amour de Dieu pour eux. Ce qui est évident, c’est leur désir de rencontrer Jésus est comme une nécessité vitale pour eux.


Marc précise à propos de Jésus : il fut pris de pitié envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans bergers.. Une traduction plus rigoureuse dirait « il fut pris aux tripes par cette foule »… “brebis sans berger” étant une référence aux paroles des prophètes qui reprochaient aux rois et responsables d’autrefois de ne pas s’occuper assez du peuple que Dieu leur avait confié (Ezéchiel 34, Zacharie 13). Le reproche vise précisément les responsables religieux et politiques d’Israël au temps de Jésus. Depuis bien longtemps, ils sont délaissés par les responsables qui s’occupent davantage du Temple, ou d’être aux bonnes places dans la société.

 

Marc nous avait déjà signalé  des foules qui accourent pour entendre Jean Baptiste. Luc dira qu’elles étaient dans l’attente… Notre méditation devrait se développer en contemplation : imaginons un peu ces gens des bords du Jourdain et du Lac, heureuse d’avoir trouvé des gens au franc parler et qui osent un langage compréhensible, de miséricorde d’une part, de réconciliation avec Dieu qui vient pour eux.

 

Notre contemplation peut mesurer le contraste entre l’attitude des gens de la ville de Jérusalem et celle de Jésus à l’égard du peuple. Pour les officiels, ils ne sont que racailles, pécheurs de génération en génération et incapables de respecter les réglementations accumulées au fil des siècles par la caste sacerdotale et rabbinique. La prédication de Jésus était que Dieu vient, pardonne, recherche la brebis perdu ; ce n’était pas condamnation et dénonciations des offenses commises, mais seulement appel à se relever : va et désormais ne pèche plus.

 

On peut se réjouir de ce que l’Eglise d’après Vatican II ait su renouveler son langage pour prêcher la miséricorde et non la culpabilisation et la peur de Dieu. Les prêches d’autrefois sur le péché, la peur, le courroux de Dieu ont trop longtemps occulté le Dieu miséricordieux que prêchait Jésus. Il n’y avait pas de barrières entre Jésus et les pauvres de Dieu. Il ne devrait pas non plus y avoir de barrières aujourd’hui entre la hiérarchie sacerdotale et les lointains de l’Eglise. Si l’on parle tant de proximité dans l’Eglise d’aujourd’hui, c’est bien parce que l’on a recréé des distances.
« Jésus était pris aux tripes de voir les foules comme des brebis sans berger». EH