Sur le chemin qui mène à Jérusalem

24ème dimanche ordinaire


Isaïe 50, 5-9 ; Jacques 2, 14-18 ; Marc 8, 27-35.

 

Avec le récit d'évangile lu ce dimanche commence une longue section. Marc y décrit l’enseignement de Jésus sur le chemin. Parti de Césarée de Philippe, la ville la plus au Nord, ce chemin aboutit aux portes de Jérusalem. Ce chemin à la fois physique et spirituel est l’occasion de préciser ce que signifie « suivre Jésus sur son chemin ». Cela commence avec la question sur l’identité de Jésus : « Qui suis-je aux dires des gens ? Et pour vous, qui suis-je ? ». C’est une occasion de nous interroger nous-mêmes que qui est Jésus pour moi ?

 

Pierre semble répondre spontanément : Tu es le Messie (le consacré) de Dieu. S’ensuit alors un enseignement de Jésus, une annonce de la passion à venir. Pierre ne peut accepter ce langage : s’il est le messie que peut-il lui arriver de mal ? Le Christ le remet vigoureusement en place : Passe derrière moi, Fils de Satan. Cette altercation peut être, pour nous aussi, une occasion d’interroger certaines de nos affirmations du genre « si Dieu existe, ce mal ne pourrait exister ! ».

 

Eh non : Dieu existe, et le mal aussi. Il ne revient pas à Dieu de lutter à notre place contre tout ce qui est mal et source de mal. Pourquoi voudriez-vous que Dieu vienne en aide aux réfugiés à notre place ? Pourquoi voudriez-vous que Dieu paie au prix fort le blé et le riz pour le redistribuer aux peuples affamés du tiers-monde ? Pourquoi voudriez-vous qu’il fasse à notre place la distribution de médicaments anti-sida. La pensée chrétienne à la suite du premier chapitre de la Bible affirme que Dieu nous remet la création, qu’il nous donne intelligence et cœur avec pouvoir de gérer, d’organiser cette création, en vue du bien de tous, à commencer par les plus pauvres. Créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, nous avons sans cesse à devenir ce que nous sommes, et il n’est pas difficile de reconnaitre que bien des écarts d’aujourd’hui ne sont pas de la responsabilité de Dieu mais des hommes.

 

Cela n’empêchera pas qu’il y aura toujours une lutte pour la vie. Le Christ montre le chemin, celui du serviteur (lire la suite de l’enseignement sur le chemin). Mais ce service est une croix, et il risque de coûter cher à celui qui marche sur le chemin du serviteur. Par trois fois, Marc nous présente une affirmation de Jésus concernant la passion au bout du chemin. Par trois fois les disciples semblent distraits de ces annonces : ils préfèrent discuter de qui sera le premier dans le Royaume, ou de qui aura la meilleure place lorsque Jésus aura le pouvoir…. Par trois fois, les disciples sont à côté de la plaque, et par trois fois l’enseignement se fait plus précis : je ne suis pas venu pour être servi pour servir et donner ma vie pour la multitude.

 

Dimanche après dimanche, nous lisons quelques extraits de Marc, mais il vaut la peine de prendre le temps de lire ces trois chapitres, de 8,31 à 10,52 Alors nous pouvons découvrir ce qu’est le chemin sur lequel marche le Christ et ceux qui veulent marcher à la suite. A l’arrivée, nous verrons même que les disciples ne sont pas encore en aptitude naturelle de se tourner vers l’aveugle sur le chemin pour l’amener à Jésus. A quoi cela sert-il donc d’être disciple si on ne met pas en pratique les pratiques qui furent celles de Jésus. Ce qui a été vécu au temps de Jésus avec ses disciples risque de se reproduire aujourd’hui. “Le chemin est rude et la pente est raide”, disait un ministre. Ce n’est pas une raison pour passer ce chemin ! E.H.