Seigneur je ne suis pas digne…

3ème dimanche de l'Avent

Sophonie 3, 14-18 ; Philippiens 4, 4-7 ; Luc 3, 10-18


Ce dimanche il nous est proposé d’entendre l’évangéliste Luc au sujet de la prédication de Jean-Baptiste. Après avoir reconnu en Jean un “envoyé par-devant pour préparer le chemin du Seigneur”, Luc livre quelques phrases caractéristiques de l'enseignement de Jean.

 

Nous connaissons bien ce style où l’on présente Dieu comme celui qui vient demander des comptes, qui tient la cognée prête à couper tout arbre qui ne produit pas de bon fruitNous connaissons aussi l'image de la pelle à vanner, à l’heure de la moisson où l’on sépare le grain qui a du poids de son enveloppe qui n’est que bale emportée au vent et que l’on brulera. La liturgie n’a pas jugé bon de retenir les premiers mots de Jean : “engeance de vipère, qui vous a permis de vous soustraire à la colère qui vient ?”. Ce sont des paroles dures à entendre. C'est dans ce langage que Jean invite à la conversion, au retour vers Dieu. Beaucoup accepteront de se faire baptiser, pas tous cependant.

 

Cette image présentant de la venue d’un messie mettant les points sur les “i”ne correspond pas à l’image que Jésus va délivrer au sujet de son Père. Jésus lui-même mange avec les pécheurs sans leur adresser de reproches (appel de Lévi et repas chez lui). Lorsque les disciples égrainent des épis de blés, là non plus Jésus ne leur rappelle pas le règlement…

 

Bientôt on dira de Jésus : “c’est un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs” Luc 7,34. Plus tard la parabole du père qui pardonne au fils cadet sans attendre aucune explication devient invitation à découvrir Dieu comme père de miséricorde. Mais ce Dieu de miséricorde, Jean Baptiste aura du mal à le reconnaître. Il enverra même des disciples demander à Jésus s’il est bien celui qu’on attendait, ou s’il fallait en attendre un autre ! De fait, le visage d’un Dieu de miséricorde en a surpris plus d’un, au temps de Jésus, et même aujourd’hui.

 

Pourtant Jean-Baptiste, à sa manière, a préparé le terrain, le chemin pour que germe la Bonne Nouvelle de Dieu qui se rend proche. Pharisiens et légistes ont refusé de reconnaitre le projet de Dieu sur l’humanité, la réconciliation et la paix pour tous les hommes juifs et païens. Peu avant d’entrer à Jérusalem et d’y subir le rejet et la crucifixion, Jésus leur dira encore : Je suis venu chercher et sauver ce qui était perdu. (Luc 19,10). Il est venu pour moi, pour chacun, il apporte la paix et la réconciliation, le salut, avant même que nous ayons mesuré le poids de notre indignité et la distance entre Lui et nous. Il faudra un centurion, un étranger pour oser dire Seigneur, je ne suis pas digne que tu viennes chez moi.

 

Au moment où nous préparons la crèche dans nos maisons, reconnaissons que nous ne sommes pas dignes qu’il vienne chez nous, mais c’est lui qui s’invite chez nous. Alors répondons-lui en ouvrant nos yeux, nos mains et notre cœur. Soyons donc dans la joie, car la paix de Dieu garde notre cœur et notre intelligence ! (Saint Paul)
Emile Hennart