L'étoile les précédait

Epiphanie, manifestation du Seigneur


Isaïe 60, 1-6 ; Ephésiens 3, 2-6 ; Matthieu 2, 1-12

Missel d'autel de 1892 Les mages  
Missel d'autel de 1892
Missel d'autel de 1892
Fête de la manifestation du Seigneur, nous retenons de l’épiphanie est la fête des "mages", et en famille on sert la galette pour tirer les rois. Comme Luc ne parle pas de cette visite mais seulement des bergers qui viennent voir Marie, Joseph et l’enfant, la liturgie fait un détour dans l’Evangile de Matthieu, avant de retrouver Luc dimanche prochain.


Comme bien des récits d’Evangile il y a plusieurs sens possible, plusieurs manières de comprendre récit. Je reprendrai aujourd’hui les quatre sens de l’Ecriture tels que les ont enseignés et pratiqués les pères de l’Eglise au cours des premiers siècles.


Figure contrastée des mages et d’Hérode. On peut d’abord observer le texte pour comprendre ce qu’il décrit, mais sans en rajouter. Travail d’observation, en essayant de faire taire notre mémoire interne qui a accumulé bien des choses non écrites dans l’Evangile, par exemple les noms des mages, en faire des rois etc. Des gens cultivés, venus de loin, font un déplacement suite au signe venu du ciel. Le contraste est frappant avec Hérode qui bouge à peine le petit doigt. Ces gens apportent des cadeaux à l’enfant né sous la bonne étoile. Rien ne les étonne, rien ne les arrête.

 

Les seuls dialogues dans le récit concernent la recherche faite à Jérusalem et au palais, ainsi que la réponse qui fait référer l’évènement à L’Ecriture : cet enfant a déjà sa place dans la Bible ! Ce n’est pas ce que dirons les spécialistes juifs qui condamneront Jésus comme blasphémateur trente ans plus tard. Une première leçon semble se dégager, à savoir que les lointains, eux qui pourtant ignorent tout de la Bible, précéderont les fils d’Israël auprès de l’enfant-Dieu : eux sont capables de se déplacer pour adorer le nouveau-né, mais pas ceux à qui était destinée la Promesse. Paul dira plus tard qu'ils ne s'en sentaient pas dignes. Acceptons que Matthieu ne dise rien de plus au sujet de l’épisode des mages!

 

Anachronisme. Reconnaissons que le titre de roi des juifs attribué à Jésus est quelque peu anachronique. Que pouvaient bien en savoir les mages ? Gageons que Matthieu incite à aller lire la fin de son évangile, en particulier l’épisode de dérision 27,29 : « "Salut, roi des Juifs !" puis ce qui est écrit sur le panneau de condamnation (27,37): Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.
Les premiers chrétiens ne dédaigneront pas d’appeler Jésus le fils de David, le roi que Dieu donne, celui qui conduira son peuple.

 

Les mages chez Matthieu sont les premiers à respecter l’enfant Jésus, à lui offrir de leurs trésors… Beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants après eux ont aussi fait un geste de respect envers cet homme Jésus qu’ils ne connaissaient pas et en qui ils reconnaitront l’envoyé de Dieu. Beaucoup offriront de leurs biens et, plus encore, de leur personne pour qu’il soit connu, reconnu. Les mages ont fait un bout de chemin puis sont repartis… D’autres vont accompagner Jésus, le suivre puis partir aux quatre coins du monde. Aujourd’hui nombreux sont ceux qui prennent le chemin pour que des lointains entendent la bonne nouvelle de l’amour de Dieu manifesté au monde : désormais des peuples marchent vers sa lumière… serons-nous de ceux qui communiquent autour d’eux cette lumière reçue de Dieu. Que l’Eglise des baptisés ne reste pas assise dans son palais comme Hérode, mais qu’elle sorte pour chercher et trouver le Seigneur et proclamer ses louanges.