Aujourd'hui Dieu accorde ses bienfaits

3ème dimanche ordinaire

Néhémie 8, 1-10 ; 1 Corinthiens 12, 12-30 Luc 1, 1-4 + 4, 14-21

 

Il est utile de signaler que la suite de la même séquence d’Evangile sera lue le dimanche suivant, à savoir la réception par les gens de Nazareth de la lecture puis de l’homélie brève que Jésus aura faite dans la synagogue. En maison d’Evangile, la seconde section commence par ce texte et le zoom insiste sur cette première parole officielle qui se termine déjà par la volonté ferme de mettre jésus à morte. Cela ressemble à la première section de Marc (en 3,6, où des pharisiens et des hérodiens décident d’unir leurs efforts pour faire passer Jésus de vie à trépas.

 

Luc historien à l’image d’autres de l’Antiquité


Pour ce dimanche, nous pouvons lire l’introduction, qui est un modèle littéraire utilisé dans la littérature romaine pour introduire un ouvrage. Il est heureux de découvrir chez Luc la mise en œuvre des règles d’écriture telles que les ont mis en œuvre d’autres écrivain comme Plutarque ou Tacite, où Jules César quand il raconte sa guerre des Gaules. Cette remarque est utile pou apprendre à lire une œuvre ancienne : Luc a pris le temps, comme d’autres écrivains de rechercher des sources avant d’écrire, d’organiser un récit continu, en empruntant les manières d’écrire de son époque, qui ne sont pas les nôtres, en particulier sur la manière de retranscrire les discours qu’il rapporte. Cela pourrait nous éviter de regrettables erreurs d’interprétations ou condamnations injustifiées du travail réalisé par Luc.

 

Un éducateur pour les amis de Dieu


Acceptons la bonne volonté et la bonne foi d’un auteur au moment où il rapporte ce qu’i a reçu au sujet de Jésus. Acceptons qu’il remette en forme les documents que les sources lui ont communiqué. Reconnaissons aussi que son intention est d’aider son disciple Théophile à voir clair dans ce qu’il a entendu au sujet d’un certain Jésus. Chacun de nous n’est-il pas un Théophile, un ami de Dieu, appelé à éclairer sa lanterne, et à discuter avec d’autre, comme l’a fait Théophile sur ce qu’est sa foi et sa découverte de Jésus ?

 

Jésus choisit d’aller vers les gens, à la différence du baptiste qui les attend


Le missel passe sur les chapitres concernant l’enfance de Jésus, de Jean Baptiste, et la vie au bord du Jourdain. Voici donc Jésus qui a quitté l’ambiance excentrée, à proximité de Massada et de Machéronte, au Nord de la Mer Morte, où Jean baptisait. Jésus préfère aller à la rencontre des gens à Nazareth, à Capharnaüm etc. C’est là semble-t-il que Jésus exerce sa mission de prophète, c’est-à-dire de porteur d’une Bonne nouvelle concernant l’amour de Dieu pour son peuple. Il est passé le temps où il faut payer pour ses péchés, il est venu le temps ou est accordée une année de grâce (rémission de toute dette) par Dieu. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds et les pauvres entendent la Bonne Nouvelle. Les plus perspicaces d’entre nous auront retenu qu’il s’agit d’une citation du livre d’Isaïe, mais Jésus a (volontairement sans doute) supprimé une phrase, censuré une phrase : celle où Isaïe annonce le jour de vengeance de Dieu. La Bonne Nouvelle qu’annonce Jésus c’est que Dieu a ravalé sa colère, il n’est plus question de courroux, comme dans le minuit chrétien, mais de miséricorde qui dépasse ce que l’on peut imaginer… au point que Dieu accorderait le pardon avant même qu’on le lui ait demandé (voir la parabole du père et ses deux fils au ch. 15). Mais nous n’en sommes qu’au début de cette annonce.

 

Aujourd’hui Dieu a visité son peuple


Un mot retient notre attention : c’est aujourd’hui que cette parole s’accomplit. Ce n’est pas demain, ce n’est pas une promesse de plus, mais c’est aujourd’hui. Aux bergers, les anges avaient déjà dit que le salut c’est aujourd’hui. Plus tard sur la croix Jésus affirme au bon larron que « Aujourd’hui même, avec moi , en paradis » L’aujourd’hui de Dieu c’est encore à Zachée : “aujourd’hui le salut est entré dans cette maison”. Ce n’est sans doute pas par hasard que Mgr Leuliet terminait son homélie pour la célébration des cent ans en disant : “C'est aujourd'hui que Dieu a visité son peuple (Luc 1,68). Son amour s'étend d'âge en âge” Et nous quand avons-nous le culot de dire que Dieu aujourd’hui vient nous rendre visite ?.Et qu’il marche avec nous du premier au dernier jour de notre vie ? Abbé Emile Hennart