Jean Sément, prêtre
Témoignage. 60ans de ministère sacerdotal
Ordonné prêtre le 29 juin 1949, l'abbé Sément a eu la joie de fêter, à Amettes où il vit actuellement, le 60e anniversaire de son ordination le même 29 juin, mais en 2009. A près de 85 ans, il témoigne de sa vie de prêtre.
« Je suis né en mars 1925, dans une famille de cultivateurs, à Rouvroy-sous-Lens... Appliqué, l'abbé débute notre entretien. Puis, dévoilant, sous son air calme et serein un esprit vif et volontiers frondeur : « Aujourd'hui, on ne dit plus Rouvroy-sous-Lens mais Rouvroy tout court car plus personne n'est, ni ne veut être, en dessous de qui que ce soit ».
Du cheminement qui l'a amené au petit séminaire, il retient la vocation du copain de pension qui voulait être frère des écoles chrétiennes, le milieu familial qui l'a porté, son engagement, enfant, dans la Croisade eucharistique. Signe des temps d'alors il se souvient avoir pris la soutane dès l'entrée en terminale.
Tout juste ordonné prêtre, une épreuve physique et morale -dont il remercie le Seigneur aujourd'hui – a permis un virage important dans sa vie sacerdotale : « Atteint d'une primo-infection tuberculeuse, j'ai passé deux ans au sanatorium des Voirons, en Haute-Savoie, d'abord comme malade puis comme prof des grands séminaristes venus de toute la France pour se soigner. L'expérience de la maladie, la mienne et celle des autres, mes premières responsabilités spirituelles et d'enseignant... Je ne sais si j'ai beaucoup apporté mais j'en suis revenu plus homme ».
En 1951, il revient dans son diocèse et enseigne au petit séminaire de Bouvigny tout en étant curé du petit village voisin.
Prêtre du Prado
Il interrompra son professorat pour suivre, en 1954-55, une formation au noviciat du Prado. Le même coup de pouce de la Providence qu'aux Voirons puisque c'est au sana qu'il a découvert le Prado et le père Chevrier, son fondateur : «Ma question était, alors, comment être prêtre ? J'ai commencé à trouver une réponse dans la vie du père Chevrier : vivre avec Jésus-Christ au milieu des hommes ».
Nommé curé en zone rurale en 1963, il garde des souvenirs forts de ses contacts en tant que pasteur et aumônier d'action catholique (CMR, MRJC...), de l'influence aussi qu'il a pu avoir auprès de jeunes filles engagées dans le monde rural qui se posaient la question de leur vocation : « Quelques unes sont devenues religieuses. A cause de moi ? Pas sûr, mais si j'ai pu y contribuer...».
Réfléchissant à la vie des prêtres d'aujourd'hui, il avoue voir mal ceux-ci pouvant tenir s'ils ne vivent pas en équipe de prêtres ou reliés à d'autres prêtres. S'adressant aux chrétiens que la raréfaction des prêtres déstabilisent : « L'Eglise, c'est vous, dit-il, la responsabilité de l'Eglise, actuellement, c'est vous... avec les prêtres qui restent ». Et d'ajouter : « Ne soyez pas étonnés si des hommes mariés deviennent un jour prêtres, dans la même logique que des hommes mariés sont appelés au diaconat ».
Avant de nous quitter, l'abbé me glisse un petit papier sur lequel il a noté, tiré de son bréviaire qu'il lit « en communion avec mes frères qui ont moins de temps que moi » : « Une eau vive murmure et chuchote à mon cœur : viens auprès du Père » (extrait de saint Ignace). Puis, citant Mgr Ancel : « Je sais bien que je suis vieux et je ne le regrette pas parce que je m'approche de Lui. ». Une sérénité rare face à la vieillesse et l'approche de la mort.
(Jean-Paul Chavaudra)