Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur
1er dimanche de carême.
Deutéronome 26, 4-10 ; Romains 10, 8-13 ; Luc4, 1-13
Les tentations de Jésus. L’introduction que Luc donne à ce récit mérite notre attention. Jésus vient d’être confirmé comme Fils du Père par l’Esprit, et la suite du récit est sous le signe de l’Esprit. Clin d’œil à ceux qui voudraient faire croire que la tentation est une œuvre de l’Esprit du Mal… “Ne nous laisse pas entrer en tentation est-il demandé dans la prière du Notre Père”. Il ne suffit donc pas d’être intronisé Fils de Dieu pour être libéré de toute tentation. Tentation et épreuve sont deux mots associés… Mise à l’épreuve semble moins négatif que tentation. Bien sûr que chacun de nous souhaite être garanti contre les épreuves. Mais elles existent. Pour le Christ, l’épreuve qu’il subira tout au long de sa vie, y compris au mont des oliviers, présentée sous trois formes successives, c’est de s’éloigner de Dieu, de relativiser Dieu et son projet pour l’homme. Il y a une part de mise en scène dans la manière dont Luc accommode son récit. On n’oubliera pas que le chiffre trois signifie beaucoup beaucoup ! Mise à l’épreuve pour le Christ, mise à l’épreuve pour nous… mais par quoi ? Par rapport à quoi ?
La première épreuve est de s’arrêter à la satisfaction des biens matériels. Dieu sait combien d’hommes n’ont pas le pain quotidien, mais on ne vit pas seulement de pain. Quelle nourriture évangélique le Christ offrira-t-il au long de son parcours ? Quelle nourriture évangélique nous-mêmes apportons-nous autour de nous ?
La seconde épreuve est celle de mettre la recherche du pouvoir comme sommet de la réussite… tant pis pour l’attente de Dieu ? Nous avons l’habitude d’opposer Dieu et l’argent, mais est-ce bien la seule opposition ? Quelle est notre relation au frère ? Quand nous découvrons le souci que le Christ a pour chaque homme, les derniers en premier, nous pouvons nous demander aussi s’il n’arrive pas parfois qu’on fasse passer le souci du pauvre après bien d’autres préoccupations : bientôt Luc rependra la parole d’un scribe : aimer Dieu de tout son cœur et aimer son prochain comme soi-même… voilà le chemin de vie, l’un et l’autre, pas l’un sans l’autre. Ce jour-là Jésus précise l’attitude d’un prêtre et d’un lévite qui, à peine sortis de leur office religieux, contournent le corps blessé d’un passant sur le chemin de Jéricho. C’est un étranger, un samaritain qui fera le geste de miséricorde.
La troisième épreuve peut sembler davantage “alambiquée“. Le tentateur (le diviseur) laisse croire qu’on est protégé, si on fait partie de la famille. Combien d’entre nous pensons et entendons des réflexions interrogeant Dieu de n’avoir pas pris soin d’un tel et un tel… “, pourtant c’étaient de braves gens bien dévouées”, ou encore la mise en accusation : « s’il y avait un bon Dieu cela n’arriverait pas » De manière perfide, la souffrance, la maladie, l’échec peuvent provoquer en nous une attitude d’éloignement ou de rejet de Dieu, parce que nous le rendons responsable de toutes nos misères. “Tu ne mettras pas le Seigneur à l’épreuve” répond Jésus. Lui-même à Gethsémani demande la délivrance du Mal, mais précise-t-il en un deuxième temps : non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.»
Au moment d’entrer en carême puissions-nous prendre le temps de méditer : “qu’est-ce que Dieu attend de moi aujourd’hui ? Qu’est-ce que mes frères attendent de moi aujourd’hui ?”
EH