Les brebis écoutent ma voix ...

4ème dimanche de Pâques

Les brebis écoutent ma voix et je les connais


Actes 13, 43-52 ; Apocalypse 7, 9-17 ; Jean 10, 27-30

 

Ce dimanche, est la journée mondiale de prière pour les vocations. La liturgie propose la lecture de l’évangile du bon pasteur : “Mes brebis écoutent ma voix, moi je les connais et elles me suivent”.

 

En ces temps de crise dans l’Eglise, alors qu’on s’interroge sur la baisse du nombre des prêtres, il n’est pas inutile de vouloir relire et méditer ces paroles de l’évangile qui invitent à considérer la relation que le Christ entretient avec nous et celle que nous entretenons envers Lui.


Des prédicateurs ont trop insisté pour identifier le pape comme étant le bon pasteur qui, vicaire du Christ, connait les brebis qui lui sont confiées. Nul ne peut prendre la place du Christ même si l’on dit agir en son nom. Cela devrait nous aider à vivre avec plus de confiance au milieu des agitations et des troubles, des paroles injustes et des paroles détournées.

 

Il nous faut reprendre l’Evangile tel qu’il est écrit, et quand Jean parle de Jésus qui veille sur son troupeau, c’est avant tout pour signifier un type de relation que le Christ entretient à notre égard. Il n’est pas inutile de relire le psaume 23, psaume de confiance. “Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer !” Reconnaissons que cette image du berger fait aussi référence à bien des passages de l’Ancien Testament où le roi d’Israël était appelé berger d’Israël.

 

Au temps du Christ il y avait une certaine déception dans la manière dont les responsables d’alors conduisaient du peuple de Dieu, au point que le Christ dira de cette multitude devant lui qu’elle est comme un troupeau sans berger. Ailleurs il critique fortement ceux qui en charge d’Israël ne s’en souvient guère et condamne au lieu de soutenir. Au temps de Jésus, c’étaient les grands prêtres, scribes et pharisiens, les “chefs du peuple,” c’est-à-dire le grand sanhédrin, comme c’est écrit dans les récits de la Passion. Lors de la multiplication des pains, le Christ a pitié de cette foule qui est comme sans berger… (Marc 6, 34).

 

L’évangile de ce jour nous invite à méditer sur le Christ et les relations qui le lient peuple de Dieu qu’est l’Eglise. On peut parler de connivence entre Celui qui parle et ceux qui écoutent. Notre foi, c’est d’abord la foi en Christ, mort et ressuscité, qui proclame une bonne Nouvelle et si parfois nous souffrons de l’Eglise et de ses ministres actuels, n’allons pas trop vite à rejeter Celui qui nous a appelés au baptême, Celui que nous avons revêtu comme un vêtement blanc, comme le rappelle la veillée pascale. Il est d’ailleurs heureux qu’aujourd’hui, les chrétiens qui souffrent ne quittent plus la barque où Jésus convie tous ses amis, mais reviennent à la source.

 

Pouvons-nous redire aujourd’hui et confirmer le lien indéfectible qui nous unit au Christ ? Il me parle, j’écoute sa voix et je marche à sa suite, sur les prés d’herbe fraiche, comme au milieu des déserts de l’existence… il me guide par le juste chemin, tout au long de mes jours. Peut-être alors, serons-nous plus tendres et compatissants à l’égard de ceux qu’Il a appelés auprès de lui pour devenir pécheurs d’hommes.

Prière pour les vocations
EH

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Document d'étude:

"Le décret Ministère et vie des prêtres, rédigé par le Concile Vatican II, envisage le presbytérat à travers le prisme de l'Eglise et de son activité missionnaire. Les sous-titres du document conciliaire situent les prêtres dans l'Eglise et dans le monde. Le déplacement le plus important par rapport aux discours précédents est de tout faire dépendre de la nature missionnaire de l'Eglise, les prêtres s'intégrant désormais à la figure missionnaire dans laquelle l'ordre des prêtres occupe une place spécifique. C'est l'activité missionnaire de l'Eglise dans le monde, elle-même inscrite dans les missions trinitaires ou dans le dessein de Dieu qui fonde le ministère des prêtres, oriente leur vie et définit leur spiritualité... On ne peut réduire la spiritualité du prêtre à la seule piété... Penser le presbytérat dans la mission de l'Eglise est fréquemment remis en cause de diverses manières, soit en mettant en avant la relation au Christ, soit en isolant la réflexion sur le prêtre de la réflexion sur l'Eglise et son caractère missionnaire".

 

Résumé des paragraphes suivants: De fait, après les articles 2 et 3 associés en introduction au décret aborde, la nature du presbytérat §2), précisant immédiatement  "La condition des prêtres dans le monde" (§3). La vocation des prêtres à la perfection et à la sainteté n'est traitée que dans le troisième et dernier chapitre (§12). Il n'est sans doute pas inutile de rappeler le titre voulu par les évêques conciliaires: "Ministères et vie des prêtres", et non "Vie et ministère des prêtres".

 

Le développement qui précise l'objet du ministère est ainsi explicité: l'annonce prophétique de la Parole de Dieu, la célébration des sacrements et en particulier de l'Eucharistie et le gouvernement du Peuple de Dieu. La figure du prêtre ainsi dessiné n'est pas celle de l'homme du sacré, mais de l'homme de la Parole. La tendance à interpoler l'ordre voulu par les pères dénature l'objet même du ministère presbytéral et entrainera d'autres modèles de formation des futurs prêtres. Là où le concile de Trente employait le mot "sacerdos" (homme du sacré) le concile Vatican II préfère l'expression ministère presbytéral ( de "presbyter", l'ancien). Ce mot presbyter, le seul employé dans les épitres pastorales est aussi celui que retiendront les documents officiels comme les rituels des ordinations diaconales, presbytérales et épiscopales. Cet usage a tendance à être gommé, si l'on n'y prend garde et ce, contrairement à l'injonction de l'épitre aux Hébreux qui réserve le mot sacerdos au Christ.

Le §2 de Presbyterum ordinis rappelle les trois fonctions de "maître, prêtre et pasteur", soulignant la continuité dynamique de l'une à l'autre fonction. On ne peut donc réduire le ministère presbytéral à sa seule dimension sacerdotale.

 

Revue théologique de Louvain, avril 2010, p. 88-111, Gilles Routhier