Lequel se fait prochain du blessé?

15ème dimanche ordinaire

Deutéronome 30, 10-14 ; Colossiens 1, 15-20 ; Luc 10, 25-37


Voici ce dimanche un évangile que nous connaissons bien. On l’appelle le bon samaritain, il commence par une question ‘pour mettre Jésus à l’épreuve’ (ce ne sera pas la dernière au long de l’évangile de Luc. Jésus répond par une parabole. Mais Luc, le rédacteur, fait suivre cette parabole par une rencontre chez Marthe et Marie (lecture dimanche prochain). Chez Marthe et Marie, comme sur le chemin, la réponse qui est à retenir, c’est de savoir mettre de l’ordre, chacun dans sa maison (spirituelle et physique). Aimer Dieu et sa Parole, servir le prochain et l’hôte de la maison, c’est tout un !


Remarquons d’abord l’astuce de Jésus. A la question posée par le légiste, Jésus ne répond pas de lui-même, mais fait répondre celui qui a posé la question… astucieux surtout lorsqu’on rencontre des gens de mauvaises foi. Tellement astucieux que le légiste (ou scribe) éprouve le besoin de se justifier en posant une autre question, là aussi Jésus s’arrange pour que ce soit lui qui fasse la réponse… l’arroseur arrosé dirions-nous aujourd’hui.

 

Portons attention quelques instants aux personnages présentés dans cette parabole. Le lévite tout comme le prêtre, ce sont des catégories de serviteurs du culte, dans le Temple de Jérusalem. Tous deux reviennent de Jérusalem, ils ont probablement fini leur temps de service au Temple. Ils reviennent dans la plaine de Jéricho, les yeux et l’esprit emplis des belles cérémonies auxquelles ils viennent de participer là-haut. On peut s’étonner et s’interroger sur la distance qu’il y a entre l’Office du culte là-haut et le service du frère là-bas, au point que ces serviteurs de Dieu changent de trottoir pour ne pas approcher l’homme ensanglanté, ce qui les rendrait « impurs » selon la loi juive.

 

Ce sera un étranger, un samaritain, qui va secourir l’homme abandonné sur le chemin ! Il semble que Luc fait exprès de choisir parmi les étrangers et les samaritains des hommes dont l’exemple correspond à l’attente de Dieu. Au ch. 17, ce sera la même remarque à propos du lépreux samaritain qui se retourne vers Jésus (lecture du 10 octobre). Pour définir l’attitude du samaritain, il faut porter attention à la question de Jésus : elle est renversé par rapport à la demande du légiste. Alors qu’il était demandé qui est mon prochain ? la question de Jésus devient "lequel s’est fait le prochain de l’homme tombé sur le chemin ?"

 

Jésus ne raisonne pas en termes de définition (qui est le prochain) mais en termes de relation : "lequel s’est rendu proche?" C’est une autre manière de penser la Bible, en termes de relations, et là nous retrouvons l’Esprit des Ecriture depuis la créationen Genèse 1,  jusqu’à Jésus, qui se fait proche et ami des petits et des pauvres. On peut penser à Adam et Eve que Dieu vient rencontrer dans le jardin, à la brise du soir. Ce sont aussi les dialogues avec Abraham : je te bénirai, je te donnerai etc. C’est aussi le dialogue avec Moïse quand Dieu s’entretient avec lui des soucis : j’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple… Il faudrait ajouter le dialogue de passion d’Osée, puis d’Isaïe : voici ton époux qui vient !


L’évangile de ce dimanche est donc une invitation à vivre la relation à l’autre, au frère. C’est tout autre chose que de mettre en œuvre les commandements. Avant l’obéissance, il y a la charité. J’aurais beau avoir toute la connaissance du monde, la foi à transporter les montagnes, avoir donné toute ma fortune aux pauvres, si je n’ai pas la charité dira St Paul cela ne sert à rien ! La Parole est au fond de notre cœur… écrite par Dieu lui-même affirme Jérémie.  E.H.