Là où est ton trésor, là est ton cœur
19ème dimanche Ordinaire
Sagesse 18, 6-9 ; Hébreux 11, 1-2.8-19 ; Luc 12, 32-48
Luc rassemble, dans ces chapitres, différentes paroles de Jésus adressées au petit groupe des disciples qu’il a choisis et appelés : cela s’adresse-t-il à nous ou à tout le monde demandent-ils !. Ces disciples suivent fidèlement Jésus, mais il peut leur arriver de se demander où ils vont. Plusieurs versets du ch.12 concernent le rapport aux biens. Sans doute l’argent ne tient-il plus le même rôle dans les sociétés d’hier et dans celles d’aujourd’hui. Faut-il en déduire que le discours de Jésus est dépassé ? Ce serait si simple de passer à côté des propositions de Jésus : là où est votre trésor, là est votre cœur !
Lequel des boursicoteurs n’a vu son cœur battre la chamade au gré des fluctuations de l’euro ou du dollar ? La mite qui ronge le bien ne serait-ce pas le spéculateur avisé pour les choses de la terre ? Jésus invite aussi à l’aumône. Mais peut-on parler d’aumône au moment ou la France diminue, une fois de plus ses aides aux pays en voie de développement, contrairement aux promesses de l’an 2.000 et 2002 ? Peut-on encore parler d’aumône où l’on expulse, camp par camp , les migrants de Calais ou de Dunkerque, les Roms des banlieues et tous ceux qui n’ont pas le profil de bon français ?
Restez en tenue de service… comme des gens qui attendent le retour de leur maître ! Ce n’est pas la seule fois où Jésus utilise la comparaison du serviteur pour évoquer la vie des disciples. Lui-même s’est situé comme serviteur de tous, qui donne sa vie pour la multitude. Ce qui importe, pour Jésus et pour nous, c’est le rapport réel entretenu avec les derniers de la terre, ceux dont on ne se sent pas naturellement et physiquement proches. Doit-on parler de dette morale à leur égard ? Les derniers survivants de la Coloniale ne viennent-ils pas de découvrir leur égalité parfaire de retraite avec les pensionnés de l’armée ? à qui nous sommes envoyés. C’est aussi le rapport avec le Père, celui qui envoie. De nombreuses générations de chrétiens ont vécu ce rapport sous le signe de la peur. Beaucoup aujourd’hui le vivent sous le signe de l’indifférence. D’autres font la distinction entre ce qui est la gestion de sa vie et de ses biens “personnels” et la gestion des biens de la société qui nous emploie.
Pendant longtemps on a enseigné et fait comme s’il n’y avait pas de morale en économie, seul le résultat compterait, pas les moyens utilisés. Très récemment on a vu ce concept remis en cause : on a parlé d’éthique en économie, puis de règles et de lois qui imposeraient des comportements plus sains ! Même le capitalisme libéral reconnait que chacun n’est pas libre de tout faire à son gré.
Tout ceci n’est pas aussi éloigné qu’on le pense de l’évangile de ce dimanche. La règle que pose le Christ est le service du frère : “là où est ton trésor, là est ton cœur”.