Fête de l’Assomption
Le Seigneur fit pour moi des merveilles
Apocalypse (11 et 12) ; 1Co 15, 20-27 ; Luc 1, 39-56
Je suis la lumière du monde L’Eglise fête aujourd’hui Marie, entrée dans la pleine lumière de Dieu avec tout son être. Cette fête prend sens dans la fête de Pâques, comme le rappelle saint Paul à de nombreuses reprises :“ je vous ai transmis ce que moi-même j’ai reçu et que je vous ai transmis, auquel vous restez attachés : Christ est ressuscité, pour être parmi les morts le premier ressuscité… Si l’on proclame que Christ est ressuscité des morts, comment certains d’entre vous disent-ils qu’il n’y a pas de résurrection des morts ?”
Nous aimerions voir clair, comprendre, avoir des preuves. Or tout cela nous reste bien mystérieux. Jésus dans les évangiles reste bien discret. Les images véhiculées au cours des siècles brouillent aujourd’hui nos esprits plus qu’elles n’éclairent. Ces images sont comme une manière de projeter dans l’au-delà nos rêves et nos désirs, une protestation contre le retour au néant qui serait notre avenir. Pourtant, ces images sont une manière de soutenir notre espérance, mais comment éclairer notre foi aujourd’hui.
Jésus emporteauprès de Dieu Marie vêtu du linceul blanc, à l'image de l'ascension de JésusLes pèlerins à Jérusalem sont invités à visiter le lieu de la “Dormition” : Marie s’est endormie. Une très belle et récente mosaïque dans la crypte exprime la foi des chrétiens en représentant Jésus qui monte auprès du Père, portant Marie, comme emmaillotée dans le linceul. La foi en l’assomption de Marie est une manière de dire qu’elle et nous à sa suite, nous sommes « comme emportés par Jésus » auprès de Dieu notre Père. La liturgie de ce jour invite à méditer le cantique de Marie. Notre foi est d’abord certitude d’une relation entre Dieu et nous : “Le seigneur fit pour moi des merveilles…” Cette affirmation fondamentale découle du premier chapitre de la Genèse, qui présente Dieu qui créée le monde et l’humanité en affirmant que ce monde, cette vie homme et femme, c’est très bon. Comment pourrions-nous affirmer qu’il est mauvais et que Dieu le laisserait sans avenir ? “Il se souvient de son amour, de la Promesse faite à nos pères”.
L’Apocalypse de Jean met en garde les Eglises contre la tentation de croire qu’il n’y a pas d’avenir, que tout est foutu (certaines sectes utilisent les images de catastrophes apocalyptiques pour semer la peur). Or l’Apocalypse est message d’espérance pour des chrétiens persécutés… à chacune des catastrophes évoquées répond une affirmation : “voici maintenant la royauté de notre Dieu et le pouvoir de son Christ ». Ceux qui ont lu l’évangile de Luc ou Marc en maison d’Evangile se souviennent peut-être des discours apocalyptiques : il y a toujours un après qui est présence du Christ vivant, aujourd’hui et demain et toujours (Luc 21, 25-27).
La grande Tradition de l’Eglise a reconnu dans l’image de la femme de l’Apocalypse la Vierge Marie, figure de l’Eglise affrontée au vent des tempêtes, mais qui demeure : “voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il demeurera avec eux. Ils seront ses peuples et lui sera le “Dieu qui est avec eux”. Il essuiera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus, car le monde ancien a disparu ; “Voici que je fais toutes choses nouvelles” ! “Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles”. Sans doute là se trouve la nouveauté qu’évoquait Marie dans le Magnificat. E.H.