Ils ont Moïse et les prophètes!

26ème dimanche ordinaire

Amos 6, 1-7 ; 1 Timothée 6, 11-16 ; Luc 16, 19-31.
 

Après l’épisode/parabole de l’intendant malhonnête, voici une autre parabole, toujours sur le thème du rapport aux richesses. On peut bien sûr utiliser cette parabole pour expliquer comment cela se passe "de l’autre côté"! Mais le but de Jésus n’est pas de faire une description de l’au-delà, il invite à comprendre comment, aux yeux de Dieu est apprécié notre comportement, en particulier comportement à l’égard de l’argent et des pauvres en particulier.


Un homme pauvre soigne ses ulcères devant la porte d’un riche propriétaire qui festoie de l’autre côté de la porte : aucune communication entre les deux : les murs sont étanches, et il n’y avait que les chiens pour soulager les souffrances que Lazare endurait à cause des ulcères. On ne reproche pas au riche ses dépenses somptuaires, mais il lui est reproché d'ignorer Lazare de l'autre côté du portail.

 

Rien que cette image devrait nous faire réfléchir sur les murs que les pays riches ont dressé face aux pays pauvres, et le sommet actuel de l’ONU, dix ans après l’appel à la remise de la dette par Jean-Paul II et les promesses d’aide (la France avait promis 0,7% de son budget, mais n’a guère dépassé 0,3%). On parle beaucoup du bilan d’étape… un bilan peu réjouissant. On parlera chiffres, mais on ne parlera pas de reconduite dans leur pays de ceux qui frappent à la porte, et même qui sont installés aux portes de nos villes : Calais, Boulogne/mer et ailleurs. Il suffit de lire les journaux et d’écouter la radio. On durcit les lois, on les applique à la lettre et avec célérité pour qu’il n’y pas de relation entre les très aisés que nous sommes et les très pauvres qui croupissent dans les camps. C’est comme dans l’évangile de ce dimanche : d’un côté Lazare, de l’autre les dépenseurs de richesses.

 

Chacun peut faire ce qu’il veut, mais le Christ prend le temps de faire comprendre la pensée de Dieu. Cependant on n’est pas obligé de le croire. Toujours est-il qu’aux yeux de Dieu et de Jésus, les derniers ont la première place On a le même raisonnement chez Matthieu quand il parle du jugement dernier : j’étais malade j’avais faim, j’étais nu, en prison et vous m’avez visité…

 

La question du Christ tout comme la question qui parcourt la Bible est : "qu’as-tu fait de ton frère ?" qui se conjugue avec la défense du pauvre, comme le rappelait Amos la semaine dernière, et aujourd’hui encore : il y a un fossé qui s’est agrandi entre les très riches et les très pauvres, et l’on ne peut pas se dire ami de Dieu et en même temps laisser faire. Benoit XVI, en Angleterre, rappelait ces jours-ci l’absence de morale dans l’économie mondialisée. Même le président Sarkozy appelle à une meilleure organisation de l’économie mondiale. Nous pouvons être fier des questions que pose Jésus : que fais-tu des richesses que tu as accumulées ? Mais nous serons peut-être moins fiers de notre réponse à la question. Au cours des siècles on a essayé de trouver solution à cette division du monde. Par moment cela a fonctionné un peu… heureux ceux qui continuent à chercher des solutions, œuvrent pour le service du frère et ne désespèrent pas. E.H.