Pour inviter à ne pas se décourager

29ème dimanche ordinaire

Exode 17, 8-13 ; 2 Timothée 3,14 à 4,2 ; Luc 18, 1-8

 

“Pour inviter à ne pas se décourager”. Ainsi est introduite la parabole lue ce dimanche. Cette parabole, comme bien d’autres, trouve son origine dans le regard attentif de Jésus sur la vie quotidienne des gens. On imagine facilement ce juge sans foi ni loi qui finit par accorder crédit aux doléances de cette veuve, uniquement pour avoir la paix. Comment pourrait-il être témoin de l’amour de Dieu cet homme qui refuse de faire droit à une veuve sans le sou ?


Concernant l’invitation à la clémence du regard et à la justice envers le démuni, nous avons eu semblable réflexion, après que Jésus ait donné la prière du Notre Père (ch.11). En effet il continuait sa réflexion sur la prière en rappelant qu’un voisin a fini par obtenir un bout de pain, parce qu’il avait insisté au-delà du raisonnable. Le visage de Dieu serait-il donc celui de quelqu’un sans oreille ?
 

Au cours des précédentes semaines, nous avons pu voir Jésus manifester le visage de Dieu. Parfois, il utilise des comparaisons toute humaines, parfois trop humaines, ainsi le berger qui retrouve la brebis perdue, ou la femme qui retrouve sa monnaie ou encore le père prodigue qui retrouve son fils. La parabole du “juge inique” peut étonner si elle est interprétée comme signe d’un Dieu lent à la miséricorde. Pour Jésus il a toujours enseigné le contraire, mais il n’a pas été bien reçu.
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Un ami me demandait récemment pourquoi les Juifs attendaient encore le Messie : avec l’Evangile cela semble tellement évident qu’il est l’envoyé de Dieu, disait-il !!! La remarque de cet ami manifeste que nous avons du mal à mesurer la distance qui sépare aujourd’hui d’hier. L’image que Jésus donnait de Dieu n’était pas acceptée par les autorités juives, parce que non conformes à l’idée qu’eux s’en faisaient : un Dieu jaloux, qui compterait faits et méfaits de chacun, qui tiendrait rigueur des inobservances de ses fidèles. Cesautorités voulaient protéger Dieu de tout risque d’humanité. Or voici Jésus qui évoque le don (pardon) de Dieu et, aujourd’hui, avec un argument très peu miséricordieux : “pour avoir la paix…”. Quelle piètre image de Dieu ! Ajoutons que Jésus avait pris l’habitude de fréquenter les gens peu fréquentables de son époque, et les autorités ont vite fait de juger cet homme Jésus comme un imposteur… “Si c’était vraiment l’envoyé de Dieu, ce Jésus se méfierait davantage de ces gens d’en bas ; il ne laisserait pas faire !”

 

Le visage de Dieu que nous présente Jésus est on ne peut plus humain, anthropomorphique…
Jésus nous surprend aujourd’hui, en présentant Dieu comme celui qui attendrait des supplications, à l’image de ce juge inique qui donne satisfaction “pour avoir la paix”. Nous nous faisons une trop haute idée de Dieu pour accepter que Dieu fasse comme nous. Ne dit-on pas “pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés” Jésus, aujourd’hui, invite à persévérer dans la certitude d’être entendus de son Père. EH