Fête du Christ Roi de l’univers
Celui-ci est le Roio des Juifs
2 Samuel, 5, 1-3 ; Colossiens, 1, 12-20 ; Luc 23, 35-43
“Celui-ci est le roi des Juifs”. Cette épitaphe inscrite sur la croix au-dessus du Christ mourant fut l’occasion de bien des quolibets et d’insultes contre ce Jésus dont Pilate avait dit ne rien trouver de condamnable dans ses paroles et ses actes. Celui qui a passé sa vie à la rencontre des gens de rien, des moins que rien, des pécheurs, celui qui pourtant entrait en dialogue avec des pharisiens, comme avec des publicains, dans l’unique but de leur révéler quelque chose de l’amour miséricordieux pour eux… Voici l’homme, voici dans quel état on l’a mis. Je suis ver et non point homme écrit le psalmiste, risée des gens, mépris du peuple, tous ceux qui me voient me bafouent, leur bouche ricane, ils hochent la tête (psaume : mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?).
Si nous mettons en perspective ce Christ humilié et les chrétiens d’Irak persécuté de manière “habituelle” et récemment par deux fois victimes de massacres de la part d’hommes soi-disant religieux, qui veulent étendre leur pouvoir religieux ; si nous relisons les commentaires et, plus encore les éditoriaux, nous pouvons mieux comprendre combien ces chrétiens sont associés aux souffrances du Christ. Ils subissent eux aussi, dans leur chair les quolibets et rejets dont le Christ lui-même fut victime. Un autre exemple de victime nous est donné déjà dans les Actes, avec la lapidation de saint Etienne.
Le chemin du Christ n’est pas un chemin de fête et de victoire. Les évangélistes Marc, Matthieu et Luc situent vers la fin de l’Evangile des paroles du Christ qui laissent entendre souffrances, persécution qu’auront à subir les disciples. Notre méditation devrait mesurer le décalage entre les propositions de foi, d’espérance et d’amour inscrites au cœur de l’Evangile et de ceux qui le suivent et les oppositions très souvent injustifiées des disciples du Christ. Que faire, que dire ? Nous ne pouvons nous contenter de belles paroles quand l’homme des douleurs souffre devant nous. Nous ne pouvons nous contenter d’attendre un monde meilleur. Nous devons persévérer dans l’œuvre de fraternité, de charité, afin que vienne ce jour où le Christ rassemblera devant son Père tous ses élus.
“Où est ton Dieu ?” demandait un prisonnier dans un camp nazi. Un saint homme lui avait répondu : il est là devant toi, dans cet homme qui souffre et qui meurt. Cette œuvre de charité est à faire, partout ou avons posé le pied. Le risque est de baisser les bras devant tant de mépris, mépris religieux en Irak, mais aussi mépris à l’égard des pauvres de la terre de la part des hommes de l’avoir et du pouvoir. Le Christ meurt, risée des hommes ; des hommes meurent dans l’indifférence et le mépris d’autres hommes. Il y a beaucoup à faire pour que l’humanité devienne fraternité. Prenons le temps de mesure toute la force de la prière de Jésus : Notre Père… que ton règne vienne… E.H.
Comment comprendre l’expression “Christ-Roi” ?
Parfois elle est comprise comme héritage de l’Eglise d’avant-hier, liée au pouvoir royal. Aujourd’hui nous pouvons mieux comprendre ce que signifie le “Christ-serviteur” qui proclame : ce que vous avez fait au plus petit des miens, c’est à moi que vous l’avez fait (Mtt 25). Mgr Bouilleret écrivait : Son trône, c’est la croix. Le sommet, c’est le calvaire de la crucifixion. Selon nos catégories humaines, la royauté du Christ n’est que dérision. Le roi, le plus grand, le plus fort, le vainqueur est pendu à un morceau de bois. Il ne tient pas son sceptre dans la main. Il est attaché comme un criminel à la croix. Pourtant, nous croyons que toute la création est appelée à être transformée par le chemin du Christ. Ce chemin est un chemin d’amour, de disponibilité totale pour les autres, d’abandon entre les mains du Père, de vie dans l’Esprit. C’est de cette manière que le Christ tire tous les hommes vers le Père de toute miséricorde