Comme votre Père du ciel...

7ème dimanche ordinaire

Lévitique 19, 1-2 et 17-18 ; 1 Corinthiens 3, 16-23 ; Matthieu 5, 38-48

 

Quand Matthieu rédige son Evangile, il a besoin, plus encore que Marc, Luc ou Jean de justifier Jésus comme celui qui réalise la Loi, face à ceux qui l'accuse de brader la religion et la Loi de Moïse. La réputation de Jésus auprès des spécialistes du Temple et de la Loi était que Jésus en prenait à son aise avec la règlementation qui permettait de séparer les gens fréquentables des autres, des gens parfaits (aux yeux de la Loi) de ceux de bonne volonté, mais pas toujours rigoristes dans leurs pratiques quotidiennes.

 

Il est nécessaire d’avoir ces conflits en tête au moment de relire la défense de Jésus qu’apporte Matthieu. Il y avait un « minimum nécessaire à respecter pour avoir droit au regard de Dieu sur soi-même. D’où la réflexion proposée ce dimanche où Jésus pousse l’esprit de la Loi aux limites de l’humain : faire plus que le voisin n’en demande ; aimer ses ennemis, bref, être parfait comme le Père du ciel est parfait. La Loi était déjà considérée comme la perfection, chemin vers Dieu. Ce que Jésus attend serait-il de devenir plus que parfaits ?

 

Raisonner ainsi serait oublier que Jésus ne se situe plus au niveau de la Loi à respecter : faire comme c’est écrit, mais faire que notre cœur soit ajusté au cœur de Dieu, lui qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants. Ce n’est plus une question d’obéissance qui doit guider le croyant mais bien plutôt le désir de se rendre proche, à l’image de Dieu qui l’a créé… à son image. L’apôtre Paul, dans son homélie aux juifs d’Antioche fait comprendre que l’observance de la Loi ne peut pas nous donner la “justification“, l’ajustement tant espéré par le peuple élu. C’est uniquement Jésus qui donne accès à la justice divine. (Actes 13). Ce qui importe désormais c’est de vivre l’imitation de Jésus-Christ lui qui se rend proche de tout homme, qui refuse de condamner qui que ce soit, mais qui propose de faire un pas sur le chemin de Dieu, de se relever, comme il l’a fait pour l’aveugle au bord du chemin, comme le fera Pierre pour le boiteux à l’entrée du temple.

 

Ainsi la Loi nouvelle ce n’est pas d’en faire plus qu’avant, plus qu’hier, mais c’est de voir comment nous permettons à l’un, à l’autre, de se lever, de se relever. Dieu qui tend la main à l’humain, n’est-ce pas la fresque de la Création, selon Michel-Ange, à la chapelle Sixtine. Alors qu’attndon-nous opour tendre la main ?
Abbé Emile Hennart