Cherchez le Royaume de Dieu etsa justice
8ème dimanche ordinaire
Isaïe 49, 14-15 ; 1 Corinthiens 4, 1-5 ; Matthieu 6, 24-34
Dimanche après dimanche la liturgie nous propose des extraits du très long discours sur la Montagne, de l’évangile selon Matthieu, ch. 5 à 7. En lisant dimanche après dimanche ces récits en pièces détachées, sans les mettre en relation les unes avec les autres, nous risquons d’en faire une succession de maximes à vivre, de “mots du jour” comme on en trouve dans les agendas chrétiens.
Or Matthieu a voulu présenter, en un ensemble construit, la pensée de Jésus, présenter le cœur de son enseignement tout en évitant qu’on ne l’accuse de “brader la religion”. Les spécialistes précisent qu’il faut lire et lier ensemble le début et la fin du sermon sur la montagne, et que l’on retrouve au cœur de cet ensemble les trois pratiques déjà connues du judaïsme : le jeûne, la prière et l’aumône (faut-il insister comme Jésus sur le secret de ces pratiques et non sur l'ostentation comme cela devient parfois la mode); et au cœur de cet ensemble se trouve la pratique de la prière, et en son centre se trouve la “tradition du Notre Père”. Ainsi apparait clairement la signification des chapitres 5,6 7 : savoir se tenir devant Dieu en toute confiance, un Dieu reconnu comme Notre Père, savoir lui rendre grâce (que ton nom soit sanctifié, que ton règne ait un avenir), et aussi savoir lui présenter les demandes fondamentales pour l’humain que nous sommes : le pain et le pardon.
Ainsi les comparaisons avec l’oiseau du ciel et le lys des champs prennent sens en invitant à la confiance que nous pouvons avoir envers Dieu notre Père, tout comme l’enfant dans une famille humaine vit la confiance envers son Père ou sa mère, sans vérifier dans le code de bonne conduite s’il fait bien ce qu’il doit faire. Il fut un temps où l’on enseignait la peur devant Dieu, devant sa colère lors du jugement (Dies irae, peintures d’enfers avec démons fourchus, etc.). Ce n’est pas l’enseignement de Jésus : "votre Père céleste sait bien ce dont vous avez besoin ! Cherchez le Royaume de Dieu et sa justice…"
Pour être plus précis il faudrait traduire : "cherchez le Royaume de Dieu et ajustez-vous à lui". Amos, Osée et Isaïe déjà demandaient à leur époque de chercher à faire régner le Droit et la Justice, d’arrêter de jouer de l’inflation sur les prix qui détruisait l’espérance des pauvres. Au 8ème siècle avant Jésus-Christ comme au temps de Jésus, comme aujourd’hui, nous avons à faire exister la justice pour que vienne le Royaume des frères. Au vu du contexte économique et politique, national et international, il y a encore beaucoup à faire !
Abbé Emile Hennart