La passion du Christ

Dimanche des Rameaux

Matthieu 21, 1-11 ; Isaïe 50, 4-7 ; Philippiens 2, 6-11 ; La passion selon st Matthieu 26 et 27.


Avec le dimanche des Rameaux nous entrons dans la semaine sainte. Au cœur de notre foi se trouve l’affirmation concernant le Christ mort et ressuscité. Au cours de la semaine, différentes célébrations nous aideront à méditer les dernières étapes de la vie du Christ : la Cène et l’eucharistie, l’arrestation la condamnation, le chemin de Croix et la mort, enfin l’affirmation de la Résurrection, et l’envoi aux nations, pour porter la paix de Dieu.

 

En Israël, à Jérusalem en particulier, depuis fort longtemps les prêtres, grand-prêtres et fonctionnaires (scribes) de la religion, assis dans leurs fauteuils à Jérusalem s’en étaient donné à cœur joie contre les pratiques sociales d’un Jésus de Nazareth qui fréquentait les gens non fréquentables. Que n’avaient-ils dit contre ce prophète qui mange avec les pécheurs, se laisse approcher par les femmes, soulage des malades même le sabbat, et ose apporter le pardon de Dieu, qui va même jusqu’à laisser repartir une femme qu’ils auraient volontiers lapidée… Enfin, ils le tenaient entre leurs griffes, grâce à la défection de l’un des siens, attiré par l’appât du gain. Le voici enfin devant eux : "Eh toi, qui te dis Fils de Dieu, descends toi-même de ta croix ! Voyons si Eloï (Dieu) va le délivrer".


C’est toute la vie du Christ qu’il nous faudrait méditer au corus de ces quelques jours qui précèdent Pâques. La focalisation sur ¨Jérusalem” une veille de sabbat ferait en effet oublier que la contestation avait commencé là-bas à Nazareth, deux ans plus tôt. C’était le refus d’un Jésus qui apporte le pardon de Dieu à ceux qui se pensaient condamnés (au moins par les autorités et leur livre sacré).

 

C’était hier, mais c’est encore aujourd’hui que l’on renie le Christ quand on ferme les yeux pour ne pas voir les blessés de la vie et de la vie économique (tout comme le prêtre et le lévite sur le chemin de Jéricho, au retour d'une célébration d'un office au Temple. Christ est venu un jour du temps, mais sa vie a valeur d’universalité. C’était nos péchés qu’il portait affirmait le prophète Isaïe. "Lui, de condition divine s’est dépouillé de sa divinité en prenant la condition de serviteur… il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à mourir et mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a relevé". Philippiens 2. Le Christ serviteur s’est associé à la peine et aux souffrances de l’homme souffrant. Que ce soit hier, que ce soit aujourd’hui retentit l’affirmation : “je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir”.

 

Les évêques de France ont décidé de relancer sur trois années la réflexion sur le service du frère, (en langage ecclésiastique : “la diaconie”). Une année sera sur le thème des repports entre la Parole et de la diaconie, une autre année sur la Liturgique et la diaconie, tant il est vrai que nous avons séparé les unes des autres les trois charges du Christ qu'étaient le service de la Parole, service de la Sanctification et service du frère. Peut-être faudra-t-il encore se souvenir de cette parole : "ce que tu as fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que tu l’as fait". Peut-être faudra-t-il encore se souvenir des paroles véhémentes des prophètes lus au cours de ce carême, où ils dénonçaient nos amours fugitifs, nos fêtes et nos oublis des pauvres. Dans le même temps les prophètes exhortaient Israël à d’autres rapports en société. N'a-t-on pas dit que nous étions l'Israël nouveau, fils de la nouvele Alliance?

 

Notre méditation et notre désir de mettre nos pas dans les pas du Christ, c’est à vivre intensément : “si tu dénoues les liens de servitude, si tu libères ton frère enchainé, alors la Lumière de midi brillera sur toi. Si tu partages le pain que Dieu te donne, si tu détruis ce qui opprime l'homme, si tu relèves ton frère humilié, si tu dénonces le mal qui brise l'homme, Si tu soutiens ton frère abandonné, la nuit de ton amour sera lumière de midi (paraphrase d’Isaïe). Souhaitons que cette semaine soit vraiment sainte, qu’elle nous rapproche et de Dieu, et du frère.
Abbé Emile Hennart

 

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