Passer vers le Père
5ème dimanche après Pâques
Actes 6, 1-7 ; 1 Pierre 2, 4-9 ; Jean 14, 1-12
L’Evangéliste Jean rassemble dans “le discours après la Cène”, un certain nombre d’évidences de foi pour les croyants de la fin de premier siècle, bien après la mort de Jésus. Le moment est solennel, placé juste avant les évènements de la Passion et de l’exaltation du Christ. Nous aimons beaucoup les phrases chocs de cet évangile, la synthèse de toute une vie en quelques mots. Le “Je suis le chemin, la vérité, la vie” font partie de ces expressions simplifiées qui peuvent mener à contre-sens en faisant de Jésus un maitre de sagesse.
Or la lecture attentive du récit de l’évangile nous présente un Jésus très proche et attentif à ce que ses disciples ne soient pas troublés. “Ne soyez pas bouleversés !... Je suis toujours avec vous ! Je vous prépare une place”. C’est la réponse de Jésus à l’attente des disciples : Nous ne savons même pas où tu vas...”
Depuis un certain temps, deux ans, trois ans, les disciples ont côtoyé Jésus, marché avec lui sur les routes de Palestine, ils ont mangé et bu avec lui, ils ont écouté ses enseignements, ils ont vu la manière dont Jésus se rendait proche de ceux qui étaient en attente… Voici le temps de la séparation, celui de la révélation, mais les disciples ne comprennent pas encore. Pour eux c’est encore et toujours une histoire toute humaine, d’amitié partagée, de proximité avec quelqu’un dont les paroles réchauffent le cœur… Maintenant que les autorités vont se déchaîner contre Jésus, que restera-t-il ?
Les paroles de Jésus expriment en peu de mots comment comprendre la présence de Dieu au milieu de nous : il est celui passage vers le Père. Dimanche dernier, la parabole du berger et de son troupeau présentait Jésus comme la porte de la bergerie, comme la voix que les brebis connaissent et reconnaissent. Quand Jean écrit, dans les années 90-95, des voix divergentes se faisaient déjà entendre pour nier qu’en Jésus, Dieu se soit fait proche. “Celui qui m’a vu a vu le Père”. Le visage de Dieu-Père, c’est en contemplant Jésus au milieu des siens que nous pouvons le mieux comprendre. Certes, les traités de théologie sont indispensables pour “comprendre” ce que nous expérimentons avec les yeux de la foi... avec des abstractions. Pourtant saint Jean insiste, dans ses lettres, sur la proximité physique de Jésus avec ses amis. Il insiste sur cette présence come “signe…”
Nous risquons souvent de faire de Jésus un idéal, une entité, une abstraction. Or Jésus est d’abord une présence : “Il est venu chez les siens ; il a planté sa tente au milieu de nous ; à ceux qui l’ont reconnu, il donne de venir enfants de Dieu”. Jésus présence de Dieu au milieu de nous ! C’est en fréquentant le Jésus tel que les évangiles nous le dépeignent que nous découvrons la proximité de Dieu-Emmanuel, Dieu-avec-nous. Evitons de faire de Dieu d’abord une définition philosophique pour ensuite l’appliquer à Jésus. Dans notre méditation, il nous faut développer la contemplation de Jésus, homme au milieu des hommes, alors nous pourrons découvrir comment il est chemin, vérité, vie.
Abbé Emile Hennart