Le pain, les chiens et les miettes

20ème dimanche ordinaire

Isaïe 56, 1-7 ; Romains 11, 13-15.29-32 ; Matthieu, 21-28


L’attitude de Jésus dans cet évangile nous semble incompréhensible, à nous gens de bien, qui pensons bien et faisons bien. En effet Jésus dans cet évangile se refuse à venir en aide à une étrangère : “une cananéenne venue de ces territoires”. Ces territoires ne sont pas d’outre-mer, mais ils ne font pas partie du territoire d’Israël, la terre promise, alors tant pis pour eux ! Bien de pieuses paroles ont été prononcées sur ce texte pour essayer d’atténuer l’inquiétante attitude de Jésus qui se refuse à porte la misère du monde : Jésus ferait dans la pédagogie ?

 

Que chez nous, à Paris ou à Marseille, à Calais ou à Vintimille on refuse l’accès au territoire ou renvoie dans leurs territoires ces gens de rien, qui n’ont rien semble normal à une bonne partie de notre humanité qui fait joujou avec des milliards, jouant la cote et la décote des Etats. Mais que Jésus ose avoir cette même attitude de rejet envers une étrangère, voilà qui nous scandalise. Il y a au moins les disciples qui sont honnêtes : elle leur casse tant les oreilles qu’ils supplient Jésus de faire quelque chose. Hélas pour la Somalie et la corne de l‘Afrique, ils ne font pas assez de bruit pour qu’on leur envoie quelques miettes de nos milliards qui jouent au yoyo.

 

Mais il parait qu’il ne faut pas mélanger Evangile et politique… certes, mais pourquoi vouloir associer politique et nobles sentiments ? Bien des prédicateurs ont insisté sur l’attitude de Jésus comme étant une attitude pédagogique en vue de faire comprendre aux disciples qu’il ne faut pas faire de distinction entre les gens, tous sont aimés de Dieu. Les apôtres n’ont rien compris, puisque quelques années plus tard, Pierre devra recevoir une bonne leçon lorsqu’il est en prière à Joppé et qu’un païen vient lui demander le baptême ! l n’est jamais pas simple de s’ouvrir à la demande de l’étranger, ni économiquement, ni spirituellement.

 

Passons de Jésus à ceux qui ont transmis son message : Matthieu comme Marc relatent cet épisode de Jésus accosté par une femme étrangère qui le supplie pour sa fille malade. Cet épisode se situe dans la suite directe du précédent récit où Jésus comble la multitude de pain. Il en serait même resté douze corbeilles. Alors pourquoi ce soudain blocage ? Il semble que les premières communautés chrétiennes aient eu du mal à ouvrir leurs assemblées aux étrangers. Le concile de Jérusalem a bien tenté l’ouverture (Actes 15), mais la réception de sa déclaration finale fut plutôt mitigée. On préfère être du côté de Jésus que du côté de ses pauvres. Mais, dira-t-on, il s’agit ici de donner l’eau du baptême et le pain de l’eucharistie… ce sont des choses spirituelles. Sans doute, mais affirmer que cela n’a rien à voir avec la charité concrète, le service du frère, du pauvre en particulier, cela est une attitude hérétique. En effet si l’on n’aime pas celui que l’on voit à coté de nous, comment pourrait-on aimer Dieu qu’on ne voit pas.


La fin de ce récit donne la situation finale : La femme vint se prosterner devant lui : " Seigneur, dit-elle, viens à mon secours ! " Il répondit : " Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens.”.“C’est vrai, Seigneur ! reprit-elle; mais les petits chiens mangent des miettes, qui tombent de la table de leurs maîtres". Alors Jésus lui répondit : " Femme, ta foi est grande ! Qu'il t’arrive comme tu le veux ! " Et sa fille fut guérie à l'heure-là.


Les théologiens affirment que le Christ s’est incarné, qu’il est venu en notre chair. Ce n’est certainement pas pour l’ignorer, mais pour la rendre agréable –avec notre concours- devant Dieu. C’est ainsi qu’il faut reprendre la prière au moment de l’offertoire : “Comme cette eau se mêle au vin, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. Ne séparons donc pas ce que Dieu a uni ! E.H.
 

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Même le banquier du Vatican s’interroge sur l’orientation actuelle de l’économie et de la crise.

L'épargne des ménages devrait être davantage affectée au renforcement des entreprises qu'à la réduction de la dette des pays occidentaux, la meilleure solution pour revenir à la croissance, estime le banquier du Vatican.

Dans une tribune et un entretien parus lundi 8 et mard 9 août sur les deux principaux médias officiels du Saint-Siège, l'Osservatore j Romano et Radio Vatican, Ettore Gotti Tedeschi, président de l'Institut des œuvres religieuses, s'interroge: «S'il devait y avoir un prélèvement forcé des ressources des familles, pourquoi ne pas les destiner immédiatement à la croissance économique? Pourquoi les destiner à la diminution de la dette? »

 

Critiquant la politique de sauvetage des économies en difficulté de l'Union européenne, il juge “nocives" les solutions prévoyant “des manœuvres inflationnistes pour réduire les dettes”. Il s'en prend à la politique américaine, qui a "voulu maintenir élevée la croissance du produit intérieur brut en la soutenant par la dette". Les grandes puissances devraient, à ses yeux, parvenir à « un consensus sur le fait que seule une période d'austérité peut être la vraie clé pour une reprise de la croissance ». A plusieurs reprises, le pape Benoît XVI a critiqué le manque d'éthique des milieux financiers. - (AFP.)