Pour vous, qui suis-je ?
21ème dimanche ordinaire
Isaïe 22 19-23 ; Romains 11, 33-36 ; Matthieu 16, 13-20
La semaine dernière nous avions entendu l’Evangile où une païenne, une cananéenne, obtient de Jésus la guérison de sa fille, elle une étrangère à qui Jésus s’est d’abord refusé au nom de la mission “réservée aux Fils d’Israël”. Quelques lignes après ce récit, voici un dialogue entre Jésus, ses disciples et Pierre en particulier.
Méditons la question “Pour vous qui suis-je ?”. Il ne s’agit plus de faire une enquête, un sondage ou un micro-trottoir : pour vous qui suis-je. Par-delà les vingt siècles qui nous séparent du Jésus historique, cette question nous arrive personnellement. Pour moi, qui est Jésus ? En disant Messie et Fils du Dieu vivant, Pierre apporte deux réponses complémentaires. En disant Messie Pierre (et la première communauté chrétienne avec lui) reconnait en Jésus la personne consacrée par le Père et promise pour guider le peuple élu.
Nous pouvons évoquer ici d’autres images comme celle du bon pasteur, dont les brebis entendent la voix etc. En disant Fils du Dieu vivant, nous percevons une autre notion que l’on appelle l’esprit de famille Père-Fils. Lorsque Jésus transmet sa prière aux disciples, il nous fait entrer dans cette famille : grâce à lui nous pouvons dire à notre tour : Notre Père. “Es-tu le Fils du Dieu vivant”, c’est la question posée par le grand Prêtre lors de la comparution en présence du grand sanhédrin. Pour le grand prêtre, c’est un blasphème… au même moment, Pierre, dans la cour, nie être lié de quelque manière que ce soit à ce Jésus le galiléen. Pierre, exalté par Jésus es le même que celui qui s’abaisse dans l’attitude du parjuré. Etrange !
Nous connaissons aussi la suite de l’épisode où Simon reçoit le nom de Pierre, le roc sur lequel le Christ compte pour continuer son œuvre. Ces quelques lignes sur le roc sont propres à Matthieu, ni Luc, ni Marc ni Jean ne reprennent cette parole. Il semble bien que Matthieu, rédacteur de cet Evangile, fasse ici appel à l’autorité de Pierre, lui qui a baptisé un centurion romain, païen et l’a fait entrer dans la communauté des croyants, sans autres exigences. En effet, Matthieu est affronté à une communauté judéo-chrétienne tentée par le repli identitaire, rejetant ceux qui ne suivent pas la Loi de Moïse et posant des exigeances. Ils liaient l'accès au Royaume à certaines conditions fort éloignées des paroles de Jésus. En évoquant la figure de Pierre qui a ouvert la porte de la bergerie à Corneille, Matthieu invite ses chrétiens à respecter Pierre et ses gestes. Pierre est est bien le successeur de Jésus qui a accueilli la cananéenne. Il n'appartent pas à quelques-uns, dans la communauté de Matthieu de remettre en cause l'enseignement et l'agir de Pierre. Alors, ne soyons pas plus papistes que le pape ! EH