L'amour de Dieu et du prochain

30ème dimanche ordinaire.

Exode 22, 20-26 ; 1 Thessaloniciens 1, 5-10 ; Matthieu 22, 34-40.


On pourrait s’intéresser à la première lecture, tirée du code d’alliance (exode, ch. 19-24) conclu entre Dieu et son peuple au Sinaï. Cet extrait porte sur le souci envers le pauvre, la personne endettée, l’immigré, il n’y a rien à en retirer pour l’appliquer à aujourd’hui. “Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin ; tu ne maltraiteras pas l’immigré ; Tu n’agiras pas envers le pauvre comme le ferait un usurier”. Bien sût on peut lire cela au sens spirituel. Mais ce n’est pas ainsi qu’a été rédigée la Loi. Les unes de nos journaux sont couvertes du problème de la dette ; ou des interdictions de mendier etc. La Bible comporte des pages bien concrètes. Qui n’a lu l’histoire de Booz qui laisse une étrangère glaner dans son champ ? Bien mal lui en prit, puisqu’il en tomba amoureux et de leur descendance naitra Jésus fils de David…

 

De l’Evangile, nous retiendrons la définition du plus grand commandement : “Tu aimeras le Seigneur de ton cœur… et ton prochain comme toi-même !”. Tout ce qu’il y a dans l’Ecriture dépend de ces deux commandements. Si nous n’avuions pas la mémoire si courte, nous aurions immédiatement pensé au sermon sur la montagne, au début de l’Evangile selon Matthieu, où la question de la Loi est déjà étudiée par Jésus au ch. 5, ou encore lors de la rencontre avec le jeune homme riche. Jésus place au-dessus des commandements la loi d’aimer. Là ou la Loi, les lois ont poour fonction de gérer les relations entre les humains au minimum, Jésus invite à pousser au maximum la charité envers l’autre… Au ch. 25, il dira même “ce que vous avez fait au plus petit des miens qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait”.

 

Ces temps-ci le pape invite à relire les textes de Vatican II, à revenir aux fondamentaux de la foi, à relire ses dernières encycliques. On y découvrira le souci de l’homme mon frère et pas seulement de la transcendance. Peut-être cela gêne-t-il les adeptes de la transcendance… Or il a voulu se faire l’un de nous : lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme…, Le langage de saint Jean dans le prologue est du même ordre : “il est venu chez les siens, il a planté sa tente au milieu de nous…”. La gloire, la grandeur de Dieu c’est de nous avoir aimé le premier, nous qui ne le méritions pas. Anotre tour d'aimer comme Lui noous a aimés.

 

En parcourant l’Evangile de Matthieu dans son ensemble et si possible en continu, nous pouvons remarquer combien Jésus insiste pour que l’homme dépasse la notion d’obéissance aux règles humaines pour prendre comme repère l’Amour de Dieu et du prochain. Or ce repère d’aimer n’a pas de limites, d’où les tentations au fil des siècles, de réduire la foi et la charité à l’obéissance à quelques préceptes et à l’exécution fidèle de quelques rites, si nobles soient-ils. Benoit XVI le rappelle dans sa lettre pour le 50ème anniversaire de Vatican II : "la foi sans la charité ne porte pas de fruit et la charité sans la foi serait un sentiment à la merci constante du doute". Des générations de chrétiens sont allées à la rencontre d’hommes de bonne volonté animés du souci du frère pour les aider à découvrir qu’ils sont sur le chemin de Jésus-Christ. On ne peut le leur reprocher. En développant le thème de la diaconie dans la préparation de diaconia 2013, l’Eglise de France est sur ce même chemin ou foi et charité sont associées.