Veillez...

1er dimanche de l’avent

Isaïe 63, 16-19 + 64, 2-7 ; 1 Corinthiens 1, 3-9 ; Marc 13, 33-37.

L’Evangile de ce dimanche nous transporte à la veille de la célébration de la Pâques par Jésus et ses disciples. Ce texte est comme un discours de clôture de toute la vie de Jésus avant qu’il ne soit arrêté et condamné. Un discours dont les deniers mots s’adressent à tous : “Ce que je vous dis, je le dis à tous : veillez !”. Plus exactement : “restez en éveil”, actifs comme le sont les serviteurs en l’absence du maître et qui continue chacun sa tâche.

 

Selon les prédicateurs, on entendra une insistance sur l’incertitude de l’existence, une insistance marquée par la crainte… comme si l’on avait rien fait en attendant. D’autres prédicateurs insisteront plutôt sur la veille active. C’est ce que fait entendre la première partie de la parabole de ce jour, où l’on voit les serviteurs actifs à remplir chacun la charge qui lui est confiée. Rien ne nous empêche de penser à ces serviteurs dont Matthieu évoquait l’activité dans la parabole des talents : heureux sont-ils d’avoir su faire fructifier ce qu’ils ont reçu.

 

Que nous faut-il donc faire ? Suivre Jésus, mais encore ? L’évangile de Marc nous emmènera à devenir serviteur de nos frères : “Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour serviteur” est-il rapporté à la fin du ch. 10. En lisant les premiers chapitres de Marc, certains faisaient remarquer qu’on dit souvent de Jésus qu'il enseigne et qu’il est bien reçu, mais que rien n’est dit sur son enseignement. Il est vrai que nous aimons être enseignés et, les évêques aiment “faire une catéchèse” comme lors des JMJ. Or la caractéristique de Marc, c’est de présenter d’abord Jésus qui fréquente les gens, quelqu'un qui passe au milieu d’eux, qui se rend proche, en particulier des personnes peu considérées ou mal considérées. “Où étais-tu ?” est-il demandé dans l’Evangile de Matthieu 25, dimanche dernier. On pourrait tout autant se demander : “où étiez-vous ?”

 

L’insistance actuelle des évêques de France pour que soit mis en œuvre Diaconia 2013 est une invitation à vivre le service du frère, tout comme le Christ l’aurait fait s’il était physiquement au milieu de nous aujourd'hui. Mais alors, nous aurions déserté nos frères afin d'être sur la photo, autour de Jésus… Une histoire édifiante raconte que, dans un collège très chrétien on avait demandé aux jeunes ce qu’ils feraient si on leur annonçait la fin du monde pour le lendemain midi… Beaucoup avaient répondu par "J’irai à la chapelle, je me mettrai en prière, ou j’irai me confesser, puis communier". L’un d’eux avait répondu : "je continuerai à faire ce que j’avais à faire à ce moment-là. Heureux le serviteur que le maître trouvera à l’œuvre, faisant l’office qui est le sien.

 

Le texte d’Isaïe, en première lecture, peut nous sembler compliqué… Il est comme une supplication des Juifs envers Dieu après l’accumulation des catastrophes subies depuis Nabuchodonosor. Ils avaient l’impression d’être abandonnés de Dieu, qu’il ne se retournait plus sur eux… D’où le sentiment que la communication ne passe plus entre Dieu et eux, que le ciel était voilé, bouché : un ciel plombé.

 

La prière juive demandait à Dieu de montrer son visage, d’ouvrir un coin de ciel pour manifester sa relation avec les humains. Elle a inspiré certains chants qui appellent à ce que le Seigneur déchire les cieux. Cette expression se retrouve dans les Evangiles à propos du baptême du Seigneur et lors de la Transfiguration : occasion de nous tourner vers Jésus le Christ : c’est par lui que nous arrive la communication entre le Ciel et la terre. N'est-ce pas le sens de l'Incarnation?

 

Réjouissons-nous et préparons-nous à accueillir celui qui vient rétablir la relation entre son Père et nous : “le Dieu invisible s'adresse aux hommes en son immense amour comme à ses amis, il s'entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie."  (Dei Verbum, Vatican II). E.H