Ils sont nés de Dieu

2ème dimanche de Pâques

 

Actes 4, 32-35 ; 1 Jean 5, 1-6 ; Jean 20, 19-31

A lire la première lecture, nous avons l’impression que le partage des biens, la redistribution des richesses était plus facile hier qu’aujourd’hui : « nul ne se disait propriétaire de ce qu’il avait, mais on mettait tout en commun. Ces quelques mots précèdent le récit concernant le mensonge d’Ananie et Saphire son épouse. Ce serait aussi oublier la réflexion de saint Paul aux Corinthiens à qui il reproche de prendre leur repas chacun de leur coté, ceux qui ont avec ceux qui ont, et ceux qui n’ont rien entre eux, les uns s’enivrant, les autres partageant leur pauvreté (1 Corinthiens 11, 17-34) !
Au ch.2 des Actes, et ici au ch. 4, nous avons deux récits qui présentent l’idéal des communautés. Mais hier comme aujourd’hui le partage des biens est chose difficile. Il suffit d’entendre les discours des différents candidats aux élections pour s’en convaincre. Il faudrait aussi fouiller dans les programmes des écoles et universités qui enseignent l’économie pour voir que la recherche du partage des biens et de l’égalité entre les humains ne fait pas partie des préoccupations premières. Alors l’évangile est-il une utopie ?

Il est trop facile, d’ironiser sur ce souhait de partager entre tous les hommes. Ce n’est même pas une question de religion c’est d’abord une philosophie : qu’est-ce que l’homme ? Qu’est-ce qui fait des humains une communauté appelée à développer le sens du partage, de la fraternité (pour reprendre un mot inscrit au fronton de nos mairies).

Quoi qu’il en soit, les chrétiens, malgré leurs faiblesses et leur péché ont favorisé ce souci de l’autre. Il suffit de rappeler la création d’hospices, d’hôtel-Dieu, de monastère d’accueil ou havres d’étapes. Comme pour les hommes de l’Ancien Testament les chrétiens ont tenu en honneur le souci du pauvre, du faible, de la veuve, de l’orphelin, de l’immigré, au point même d’entrer en contestation les attitudes des hommes au pouvoir ces dernières années. La relance de Diaconia 2013 vient rappeler le risque de s’affadir sur ces attitudes. On regrettera cependant que le pôle charité/assistance ait été développé sans que, dans le même temps, se développent la mise en œuvre de pratiques politiques pour limiter voire supprimer les structures de péché comme les appelaient Jean-Paul II.

Il est heureux que la liturgie offre aux chrétiens en fin de semaine pascale ces récits où les disciples sont appelés à se conformer à la personne du Christ. Même l’évangile de ce dimanche qui porte sur la foi de Thomas devrait être mieux compris. Croire que le Christ est vivant, c’est d’abord croire que ce qu’il a fait et vécu au long de son existence terrestre n’a pas pris fin avec sa mort. Ressuscité, il invite à croire que l’amour est plus fort que la mort, croire que revêtir le vêtement du Christ (le vêtement blanc des baptisés), c’est continuer la vie du Christ Jésus. Peut-être n’arriverons-nous pas à faire de miracles, mais sans doute est-il possible aujourd’hui de partager les médicaments du nord avec ceux du Sud ? Partager le blé, le maïs ou le riz avec les pays les plus démunis. Il n’est jamais trop tard pour se mettre en route à la suite du Christ et ce serait aussi un vrai miracle. On reconnaitra que vous êtes mes amis à l’amour que vous avez les uns pour les autres. EH