Alors il parcourait les villes alentour

14ème dimanche ordinaire

Ezéchiel 2,2-5 ; 2 Corinthiens 12, 7-10 ; Marc 6, 1-6

La foi, les difficultés de croire, le rejet des prophètes
La première lecture et l’Evangile font le constat d’un refus de croire, que ce soit à propos d'Ezéchiel, que ce soit àpropos de Jésus. Ezéchiel reçoit une mise en garde de Dieu lui-même. Il est alors invité à poursuivre son œuvre de prophète.

 

Pour Jésus, c’est le constat que les gens de son pays se refusent à l’entendre. Après un temps d’étonnement, ils trouvent de bonnes raisons pour se fermer les oreilles. “Jésus s’étonna de leur manque de foi et parcourait les villages d’alentour en enseignant”. Les gens de Capharnaüm auraient pu dire : on le connait bien, il est de chez nous, on peut lui faire confiance…! Ils ont préféré dire : on le connait bien, il est de chez nous, pour qui se prend-il ?! Dés lors leur porte s’est refermée.


On pourrait s’étonner du refus de croire, en particulier de la part des plus proches, des héritiers du Royaume. Cette plainte se trouve aussi chez Isaïe quand il écrit un poème sur la vigne du bienaimé. Il l’avait bichonnée et elle n’a donné que du verjus. “Pourquoi espérais-je avoir de beaux raisins, et a-t-elle donné des raisins sauvages ?”

 

Que ce soit hier, que ce soit aujourd’hui, bien des paroles de prophètes sont rejetées et cela, par les mieux placés pour l’accueillir. Comment se fait-il que certains se détournent de Vatican II, que d’autres retournent aux travers d’une Eglise qui préfère la pompe et l’anathème plutôt que l’accueil du pauvre, de l’étranger, de l’homme fragilisé ?

 

L'un des principaux points débattus et reconnus lors des sessions de Vatican II fut le rapport à la société. Reconnaissance et dialogue entre Eglise et monde, "l'Eglise apporte, l'Eglise reçoit aussi du monde (Chapitre 4 de Gaudium et Spes). Sur ce point nous risquons, comme au temps d'Amasias, de séparer les affaires du monde des affaires de Dieu.     Lors des ordinations notre évêque prie pour que les prêtres soient configurés au Christ… De quel Jésus parlons-nous ? L’image que nous nous en faisons, où celle que décrivent les Evangiles ? En relisant les évangiles, il n’est pas difficile de voir de quelle configuration il est question, de qui le Christ se rend proche et par quelles autorités il est rejeté. Il fut une époque où les théologiens parlaient de kénose pour dire le choix du Christ d'être présent dans notre monde en toute humilité. Aurions-nous peur que le Dieu de Jésus-Christ interroge nos comportements économiques, sociaux et politiques?


Au sujet du refus, pour Ezéchiel comme pour Jésus, il n’y a pas recherche d’explications, mais une invitation à poursuivre la mission d’annonce commencée. Ces lectures tombent au moment d’une rupture dans notre temps, moment où l’on fait relâche après une année remplie de joies et de difficultés… Au moment de respirer, voici peut-être l’occasion de s’arrêter un peu avant la détente. De même qu’Ezéchiel est à nouveau envoyé, de même que Jésus parcourt d’autres villages, de même sommes-nous appelés à continuer à semer la graine du Royaume… "Alors Jésus parcourait les villages alentour..."


Notre méditation peut aussi s’inspirer de la réflexion de Paul. On ne sait pas quelle écharde vient le perturber dans son service de la Parole. Est-elle physique, est-elle morale, nul ne sait, mais il nous laisse un message : “J’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.” La parole de Paul peut-elle servir de modèle pour inspirer notre méditation au moment où l’on fait une halte. Avec Paul et à sa suite, aurons-nous envie, demain, d’aller planter encore et toujours la Bonne Nouvelle du Royaume ?

Abbé Emile Hennart